La conjonction de quelques événements survenus en fin d’année permet d’envisager 2014 sinon avec confiance, du moins avec un optimisme raisonné.

Même s’ils sont statistiquement fragiles, les chiffres qui marquent un premier recul du chômage sont politiquement précieux. D’autant qu’ils s’accompagnent, sur les derniers mois, d’une moindre destruction d’emplois. Ces résultats, espérés à cette échéance, concourent à la crédibilité de l’action publique, bienvenue à la veille de deux scrutins importants. Elle pourrait redonner du sens et du contenu au débat démocratique. Certes, le chômage recule surtout grâce aux contrats aidés. On a envie de dire : et alors ?Toutes choses étant égales, ce « traitement social » n’est pas inédit et les publics visés (notamment par les emplois d’avenir) sont, sans aucun doute, ceux qui ne bénéficieront pas spontanément de la reprise économique si elle se fait plus vigoureuse. L’efficacité de ces mesures dans la durée est limitée. L’effet d’aubaine l’est aussi, dès lors qu’elles sont mieux calibrées en termes de bénéficiaires.

Il n’est pas mauvais non plus qu’à la veille des élections européennes quelques petites victoires pour l’Europe sociale soient engrangées. On dira que ceci explique cela, et que Paris et Berlin ont obtenu sur les travailleurs détachés un compromis a minima, dont les effets ne seront pas immédiats, pour contrecarrer la montée des mécontentements contre la libre circulation et les risques avérés de dumping social. Mais, là aussi, la volonté et la fermeté ont permis un rééquilibrage favorable au respect des droits fondamentaux des travailleurs. Et il est important que les citoyens européens puissent y croire.

Bon an mal an, les bienfaits de la négociation et de la concertation s’imposent. Certes, au bout d’un semestre, le bilan de la loi sur la sécurisation de l’emploi est encore très limité. Mais, outre que les chiffres ne sont pas nuls (71 homologations, 21 validations et 16 refus d’homologation enregistrés début décembre), on s’y réfère de plus en plus souvent et l’effort des uns ou des autres pour rechercher des solutions négociées témoigne d’un nouvel état d’esprit. On se prend même à espérer que, malgré des ajustements difficiles au sein du patronat, la négociation sur la formation professionnelle permettra enfin de reconstruire l’outil de qualification et d’adaptation des compétences si attendu !

On observe aussi les effets de la concertation dans le champ économique. Le rapport du député de la Côte-d’Or Laurent Grandguillaume sur la simplification du statut d’entrepreneur individuel ouvre des perspectives de rapprochement inattendues lorsque « pigeons » et « poussins » sont montés au créneau. Peut-être verrons-nous même bouger les lignes (comme on l’es­pérait dans un précédent Bloc-notes) sur l’ouverture à la concurrence de professions verrouillées par pur malthusianisme ! C’est bien la méthode qui importe autant que le contenu. Et puisque c’est la période des vœux, souhaitons que l’esprit de Mandela qui a unifié un temps la planète autour de deux principes simples, le courage et la (ré) conciliation, puisse inspirer nos politiques sociales en 2014.