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Édito

Le cocktail explosif de l’assurance chômage

Édito | publié le : 31.12.2013 | Jean-Paul Coulange

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Le cocktail explosif de l’assurance chômage

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Ouverte en fanfare avec la sécurisation de l’emploi et terminée tambour battant sur la formation professionnelle, avec un accord mineur sur la qualité de vie au travail en guise de devoir de vacances, l’année 2013 aura été un bon cru en matière de négociation collective. Même si le nouveau leader de la CGT, Thierry Lepaon, devait donner des gages de fermeté aux orthodoxes de Montreuil et si le Medef venait de porter à sa tête un président plus soucieux de doper la négociation d’entreprise que de multiplier les accords au sommet. Mais l’encre de l’ANI sur la formation est à peine sèche qu’une figure imposée se profile déjà : la réécriture de la convention d’assurance chômage de 2009. On en connaît l’histoire mouvementée. Celle d’un accord national interprofessionnel paraphé, fin 2008, par la seule CFDT et contesté par la CGT et FO. Et la philosophie, axée sur la création d’une filière unique d’indemnisation, autour d’un principe simple : un jour travaillé égale un jour indemnisé, dans la limite de deux ans (ou de trois ans pour les plus de 50 ans).

C’est peu dire que l’exercice se présente, cette année, sous de sombres auspices. Alors que 2008 avait ét ne année noire sur le front du chômage, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A s’est accru de plus de 1 million d’individus depuis cinq ans, le taux de chômage officiel a augmenté de plus de deux points et, surtout, les finances de l’Unedic se sont sensiblement dégradées. Les dernières prévisions du régime d’assurance chômage tablent sur un endettement record de 22 milliards d’euros en 2014 (contre 5 milliards en 2008).

Plusieurs pierres d’achoppement vont rendre la négociation particulièrement tendue. D’abord, le refus obstiné du Medef d’alourdir les charges patronales quand certains syndicats, dont FO, rappellent qu’un point de cotisation supplémentaire rapporte 5 milliards à l’assurance chômage. Ensuite, le sempiternel débat sur la dégressivité des allocations chômage – abandonnée en 2001 – remis au goût du jour par Pierre Gattaz. Enfin, la mise en œuvre des droits rechargeables, prévus par l’ANI du 11 janvier 2013. On voit mal comment l’idée – généreuse – de capitaliser les droits à chômage non épuisés pourrait ne rien coûter à l’Unedic, ce que réclame le patronat. Alors que la mesure se chiffre en centaines de millions d’euros. Si l’on ajoute la pression gouvernementale pour que les droits des demandeurs d’emploi ne soient pas amputés, tous les ingrédients d’un cocktail explosif sont réunis.

Il n’y a pourtant pas à tergiverser. Tout doit être entrepris, surtout en temps de crise, pour favoriser la reprise d’activité des demandeurs d’emploi et ne pas les installer dans le chômage. Et pour obtenir l’accord le plus large possible sur l’Unedic. Les partenaires sociaux ont pris leurs responsabilités en 2013. Ils ont l’occasion de le faire une nouvelle fois dès le début de cette année.

Retrouvez la chronique de Sandrine Foulon « Ma vie au boulot » dans l’émission d’Alexandra Bensaid « On n’arrête pas l’éco », tous les samedis à 9 h 10, sur France Inter.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange