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Le retour en grâce d’un pro du social

Actu | Eux | publié le : 31.12.2013 | Stéphane Béchaux

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Le retour en grâce d’un pro du social

Crédit photo Stéphane Béchaux

Et revoilà Michel de Virville ! L’ex-DRH de Renault ne s’était, certes, jamais rangé des voitures. Mais depuis plus de cinq ans, l’homme œuvrait dans l’ombre. Au sein la 5e chambre de la Cour des comptes, tout d’abord, où il auscultait de l’intérieur le modèle social hexagonal. Au collège des Bernardins, aussi, où ce fervent catholique officiait comme directeur bénévole. Deux postes idoines pour qui cherche à prendre du recul. Et reprendre pied après une très violente sortie de scène, en mars 2008. À l’époque, le tout nouveau président de l’Unedic et de la commission des relations du travail du Medef avait dû rendre ses mandats, emporté par le scandale de l’UIMM. Son tort ? Avoir négocié la très confortable prime de départ (1,5 million d’euros) de Denis Gautier-Sauvagnac.

Le retour en grâce, à 68 ans, de ce docteur en mathématiques tient dans un simple communiqué, signé de Marisol Touraine et Michel Sapin et daté du 27 novembre. Les ministres des Affaires sociales et du Travail y indiquent avoir confié à Michel de Virville, « fin connaisseur des questions sociales », une « mission de facilitation et de concertation permanente sur la mise en œuvre opérationnelle du compte personnel de prévention de la pénibilité ». Un redoutable chantier. À lui de mettre de l’huile dans les rouages pour favoriser la bonne coopération tout à la fois des institutions – en particulier la Direction générale du travail (DGT), la Direction de la Sécurité sociale (DSS) et la Cnav –, des partenaires sociaux, des médecins du travail et des experts. Avec l’objectif de lancer en 2015 un compte pénibilité facilement déployable dans les entreprises, quelles que soient leur taille et leurs activités, et lisible pour le salarié lambda. « C’est un chantier transversal avec une multiplicité d’acteurs. L’efficacité future du dispositif dépend très largement de la réussite de sa mise en place opérationnelle », avertit Bénédicte Legrand-Jung, chargée de la sous-direction des conditions de travail, de la santé et de la sécurité à la DGT.

Pas de quoi, néanmoins, stresser ce vieux routier du social. Au contraire. « Il y a de la valeur ajoutée à créer, car il existe un gros écart potentiel entre un dispositif bien et mal conçu. C’est la raison pour ­laquelle je n’ai pas beaucoup hésité », confie l’intéressé. Il va travailler main dans la main avec un jeune inspecteur général des affaires sociales, Thomas Audigé. Jusqu’alors directeur général adjoint chargé de la maîtrise des risques à Pôle emploi, ce dernier se voit confier le pilotage opérationnel.

Cette nomination est diversement appréciée des partenaires sociaux. Elle rassure le patronat, qui s’était fendu mi-novembre d’une lettre ouverte dénonçant l’impraticabilité de ce compte pénibilité et qui voit avec soulagement un ex-dirigeant de l’industrie appelé aux manettes. Elle inquiète, en revanche, les syndicats, qui n’ont pas été consultés. « Nous n’avons eu aucun contact. Alors, oui, on s’interroge », confie Henri Forest, le Monsieur Pénibilité de la CFDT. « C’est un recul. Cela montre l’impréparation du gouvernement, qui n’est pas sûr de son coup et subit de fortes pressions pour ramener le compte pénibilité à quelque chose d’insignifiant », affirme Éric Aubin, chargé du dossier à la CGT. Désavantage pour Michel de Virville, l’homme a beau être affable, il n’est pas neutre. Voilà dix ans, il avait présidé une commission proposant notamment la création d’un « contrat de mission ». Un chiffon rouge pour les syndicats.

Michel de Virville

Chargé d’une mission sur le compte pénibilité.

1975

Chef de département puis adjoint au directeur du Cereq.

1988

Directeur de cabinet du ministre du Travail Jean-Pierre Soisson.

1998

DRH du groupe Renault.

Auteur

  • Stéphane Béchaux