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Idées

Retour vers le futur

Idées | Bloc-notes | publié le : 02.12.2013 | Catherine Barbaroux

Ne pas se contenter de mesures ponctuelles

La sinistrose économique et sociale actuelle, doublée d’une grave crise de confiance, peut déclencher deux attitudes contradictoires : l’impuissance, voire l’affolement, ou l’envie de réagir et de prendre appui sur nos points forts pour construire une vision positive de notre futur. L’interview de Jean Pisani-Ferry, le nouveau commissaire général à la stratégie et à la prospective (dans Liaisons sociales magazine de novembre), et plus encore son rapport, « Quelle France dans dix ans ? », devraient nous inviter à la seconde posture.

Innover plutôt que réparer : face à la nouvelle vague des plans sociaux, on est frappés par la troublante permanence des réactions. D’abord, si nombreux soient-ils, les plans sociaux n’expliquent, in fine, qu’une part très minoritaire du chômage, et si provocateur que cela puisse paraître, ils pénalisent moins ceux qui en sont victimes que peuvent le faire les milliers de licenciements individuels qui n’offrent pas les mêmes accompagnements et opportunités de reclassement. On est surtout frappés du retour des mêmes problématiques sectorielles ou géographiques. Pour ne prendre que l’exemple de la Bretagne et de l’agroalimentaire, dans le début des années 2000, la DGEFP avait déjà eu à connaître du sauvetage de groupes comme Doux ou Tilly-Sabco. Et les délais demandés aujourd’hui pour la restructuration et les investissements de modernisation de ces entreprises étaient, dès cette époque, au cœur des soutiens (importants) accordés.

Construire une vision positive de l’avenir

Il ne s’agit pas ici de stigmatiser ces entreprises, mais de tirer les leçons du passé et de ne pas se contenter de mesures de soutien ponctuelles qui, une fois surmontée la crise, ne permettent pas de traiter les problèmes au fond.

Le Commissariat général à l’analyse et à la prospective ne dit rien d’autre quand il indique que « la France a du mal à choisir ses objectifs et ses méthodes », au risque de voir les mêmes causes produire les mêmes effets quand la conjoncture se retourne ou quand les subventions européennes ou nationales viennent à manquer. Construire une vision positive de notre avenir, surtout industriel, c’est se concentrer sur les filières d’avenir, innover, rechercher de la différenciation, investir dans les compétences… dans la durée.

Des tensions sur le pacte républicain

Prévenir les inégalités d’accès plutôt que d’en gérer les conséquences : plusieurs ministères (Travail, Éducation et Réussite éducative, Ville…) se sont lancés dans la refondation de la politique d’intégration face aux inégalités d’accès à la santé, au logement et bien sûr à l’emploi. Les tensions qui menacent notre pacte républicain les poussent à repenser nos outils d’intervention, d’autant que les entreprises et les territoires constatent aussi les limites de leurs actions positives en faveur de la diversité. Branle-bas de combat, donc, dans tous les think tanks, associations et centres de recherche, mobilisés dans des groupes de travail intensifs, sous la pression d’une actualité où ces questions prennent un tour politique qui attise les antagonismes sans proposer de réponses adaptées.

Là encore, n’oublions pas ce qui marche en termes de méthode : clarté des objectifs, permanence des dispositifs, association des partenaires sociaux et des acteurs de la société civile, évaluation des résultats. Puisque l’horizon reste bouché à court terme, profitons-en pour travailler sérieusement sur le long terme, au moins ce ne sera pas du temps perdu.

Auteur

  • Catherine Barbaroux