Claironner « la mort de l’État providence » n’a sans doute pas plus de sens que le fait d’annoncer la « fin du travail ». Ce qui est visé par le propos des auteurs, dont l’un, Arnaud Robinet, est un cadre de l’UMP, c’est l’organisation très bureaucratique de la Sécurité sociale. Mais c’est également la logique du système basé sur des droits universels, financés par des contributions qui tendent à l’être, que les deux experts veulent remplacer par des « droits sociaux personnels » financés en fonction du niveau où chacun contribue. On comprend qu’ils en appellent à une « grande réflexion nationale » avant de se lancer dans cette mère de toutes les réformes. Leur proposition tient en deux mots : assurances sociales. « Il s’agirait donc de transformer une masse énorme de “transferts sociaux”, financés par l’impôt ou des cotisations assimilables à l’impôt, en prestations d’assurances sociales financées par des cotisations contributives.  » Autrement dit, on « s’achète » sa couverture sociale par des cotisations qui peuvent toutefois varier en fonction de sa capacité contributive.

Un premier pas pour aller dans ce sens serait la suppression des cotisations patronales, du moins telles qu’elles figurent sur la feuille de paie. Ce système a l’immense mérite, selon Robinet et Bichot, d’être beaucoup moins pénalisant pour les jeunes générations que l’actuel. Au total, il s’agit « de diminuer fortement la redistribution réalisée à l’aide de prélèvements obligatoires sans contrepartie, sans pour autant instaurer le règne de l’égoïsme ». Pour les deux auteurs, c’est possible, même si cela sera difficile. Peut-être, mais le politique qui prendra un tel risque ne semble pas encore né, et l’État providence encore loin d’être mort.

La Mort de l’État providence. Vive les assurances sociales !, Arnaud Robinet et Jacques Bichot. Éditions Manitoba/Les Belles Lettres. 180 pages, 19,50 euros.