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La CGT de Thierry Lepaon en quête d’un nouveau souffle

Actu | À suivre | publié le : 02.12.2013 | Stéphane Béchaux

Inaudible depuis son congrès de mars, la CGT se met en ordre de marche. Avec l’ambition de peser dans le débat social. Un vrai défi.

Un petit miracle vient de se produire à la CGT. Fin novembre, la première confédération tricolore s’est dotée d’un… organigramme. Rien de bien révolutionnaire, a priori. Sauf dans la maison cégétiste. Car voici des années qu’en son sein plus personne ne comprenait rien aux responsabilités exercées par les uns et les autres, qu’il s’agisse du personnel permanent ou des dirigeants élus. Un héritage des années Thibault, vertement critiqué par les équipes en place, auquel son successeur s’était engagé à mettre un terme « deux semaines » après la fin du congrès de Toulouse, en mars. Une promesse tenue avec huit mois de retard mais avec une précision diabolique. Validée en comité confédéral national les 6 et 7 novembre, la nouvelle organisation du paquebot est détaillée dans le Peuple, l’organe officiel, jusque dans ses moindres coursives. On y découvre ainsi l’identité de la responsable des fournitures, du ­régisseur son de la salle du CCN ou des deux chauffeurs attitrés du patron…

Nettement moins anecdotique, y figurent les attributions officielles des membres du bureau confédéral. Numéro deux ­officieux, Éric Aubin hérite ainsi de la coordination des campagnes de la CGT mais aussi du travail, de la santé et de la protection sociale. Marie-Laurence Bertrand prend la responsabilité des repères revendicatifs et des politiques publiques, Agnès Le Bot la démocratie sociale et les négociations collectives, Mohammed Oussedik la politique industrielle et les questions économiques. Curieusement, l’emploi et les salaires se retrouvent sans titulaire. « C’est volontaire. Ces sujets, globaux, ont vocation à être déclinés par plusieurs responsables », justifie Thierry Lepaon. En taisant l’autre explication, qui tient aux luttes internes pour s’approprier ces dossiers. « Il va falloir clarifier ces deux points assez vite. Les responsabilités partagées, ça ne fonctionne pas », confie un membre du bureau. Soucieux d’efficacité, le secrétaire général a fait diviser par presque trois le nombre de commissions thématiques, désormais limité à 11. Sans compter les trois collectifs confédéraux, dont l’un consacré à la « politique des cadres syndicaux », confié à Nadine Prigent. Un lot de consolation de choix pour l’ex-candidate au secrétariat général, soutenue par Bernard Thibault, histoire de ménager les équilibres internes.

Désormais en ordre de marche – tout au moins sur le plan confédéral –, la CGT entend regagner du terrain sur le plan social. Il y a urgence. Car, de l’avis de tous les observateurs, la centrale ne pèse en rien sur les choix gouvernementaux depuis l’élection de François Hollande. En témoignent les deux grands dossiers de l’année 2013 – la loi de sécurisation de l’emploi et la réforme des retraites – sur lesquels elle s’est montrée inaudible. Au contraire de la CFDT, qui voit ses idées largement reprises par l’exécutif. Mais s’interroge sur sa stratégie, alors que l’équipe Ayrault se débat dans une impopularité record et un climat social délétère. « La bonne nouvelle, c’est que la CFDT commence à prendre conscience que les salariés sont à bout. À la base, ça gronde », soutient Mohammed Oussedik.

Fatiguée de laisser le patronat monopoliser le terrain social sur le thème du « rasle-bol fiscal », la CGT veut prendre le contre-pied en dénonçant le « coût du capital ». Étude à l’appui, commandée à des chercheurs de l’université Lille 1, elle réclame la création d’un indice permettant de le mesurer, au même titre que celui du travail. Une revendication originale, mais dont la traduction s’avère d’un très grand classicisme. En panne d’idées, la centrale prévoit ainsi d’organiser des campagnes revendicatives sur ses thèmes de prédilection : les salaires, le travail, l’emploi, les services publics et la protection sociale. Avec une première mobilisation nationale, qu’elle espère unitaire, au premier semestre 2014. Une vieille recette qui, ces dernières années, n’a guère prouvé son efficacité.

Auteur

  • Stéphane Béchaux