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Faut-il créer un smic pour les jeunes ?

Actu | L’éco du mois | publié le : 02.12.2013 | Sandrine Foulon

oui
Bertrand Martinot Économiste auteur de Chômage : inverser la courbe.

Que le coût du travail au niveau du smic soit une barrière à l’entrée pour les jeunes, en particulier les non ou peu qualifiés, est difficilement contestable : 30 % des jeunes salariés sont aujourd’hui payés au smic. Autrement dit, pour ces salariés, le smic est une véritable norme sa­lariale qui s’impose à l’employeur. Cette analyse est d’ailleurs implicitement partagée par tous les gouvernements puisqu’ils mettent en place chaque année des centaines de milliers de contrats aidés, notamment pour les jeunes, précisément pour contourner l’obstacle du smic ! C’est aussi pour éviter cette situation que tous les pays européens qui ont introduit un salaire minimum ont eu la sagesse, à part l’Espagne et la France, de prévoir un salaire spécifique pour les plus jeunes.

La situation des jeunes Français non qualifiés s’apparente dès lors à une « double peine ». D’un côté, un smic qui met un obstacle à leur embauche. De l’autre, un système de solidarité qui les exclut des prestations de solidarité, notamment le RSA. Il en résulte un taux de pauvreté inquiétant. Et à tous ceux qui expliqueront à juste titre que le smic est également une norme de pouvoir d’achat et qu’il est bien difficile de vivre avec 80 % d’un smic temps plein (un peu plus de 900 euros par mois), il pourra être répondu qu’il est encore plus difficile de vivre avec… rien du tout et avec toutes les dérives que ce système peut entraîner (drogue, violence, travail au noir…) ! Alors dédramatisons le sujet, rappelons qu’un tel dispositif, socialement bien accepté, existe depuis toujours pour l’apprentissage et, depuis peu, pour les stages. Pourquoi ne pas expérimenter un smic spécifique pour les jeunes embauchés en CDI ?

non
Xavier Timbeau Directeur du département analyse et prévision de l’OFCE.

La question des jeunes sur le marché du travail est absolument centrale. L’entrée sur le marché du travail conditionne le reste de la carrière, constitue une incitation puissante pour les choix éducatifs et participe à construire le long terme d’une économie. C’est également le moment de l’intégration dans la société laborieuse, seul horizon, ou presque, pour chacun d’entre nous, et donc un élément primordial du contrat inter­générationnel.

La crise économique de 2008 a rappelé une forte sensibilité du taux de chômage des jeunes à la conjoncture et, en creux, pose la question de savoir si on sacrifie plus facilement les jeunes dans la crise que d’autres, répétant un modèle insider/outsider maintes fois dénoncé.

Mais le taux de chômage des jeunes n’est pas un concept pertinent parce que le taux d’activité (celui des 15-24 ans en France est de 37 %) et la durée du travail sont faibles. Les comparaisons internationales sont faussées et la spécificité française en matière de chômage des jeunes découle d’une faible participation au marché du travail des étudiants français et non pas d’un problème d’insertion.

La proportion de jeunes en recherche d’un emploi (8,1 % en France, 11,8 % au Royaume-Uni), qui rapporte les chômeurs à l’ensemble de la classe d’âge, se révèle être plus pertinente : lorsqu’on compare pays par pays l’évolution de la proportion de jeunes demandeurs d’emploi et celle du taux de chômage des 25-64 ans, on constate que les jeunes Français, compte tenu de la hausse du chômage dans l’Hexagone, ont été mieux traités que les jeunes Britanniques ou Espagnols. C’est pourquoi il ne faut pas un smic jeunes en France.

POUR EN SAVOIR PLUS

Insertion des 18-25 ans : mise en place de la « garantie jeunes »

http://www.service-public.fr/actualites/002807.html

Le chômage des jeunes http://www.oecd-ilibrary.org/employment/taux-de-chomage-des-jeunes_20752334-table2

Salaire minimum de croissance http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/salaire-min-interprof-croiss.htm

Auteur

  • Sandrine Foulon