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Décodages

« Quand on réclame moins de charges, il faut renvoyer l’ascenseur »

Décodages | Management | publié le : 04.10.2013 | Nicolas Lagrange

Qu’est-ce qui fonde l’ADN de Somfy ?

Notre culture s’est construite autour de deux identités : l’une savoyarde, que nous devons entretenir pour maintenir la fierté d’appartenance de nos salariés « clusiens » ; l’autre internationale, en raison de notre multiculturalité et de notre implantation dans plus de 60 pays. Par ailleurs, du fait de notre taille, nous avons les avantages des grands groupes et des PME, sans les inconvénients. Étant leader mondial, nous nous donnons les moyens de nos ambitions, avec la création de la Somfy Academy notamment. Mais nous conservons aussi une culture de PME, spécifique, réactive et humaine, proche de ses équipes.

La fondation Somfy « Mieux habiter ensemble », qui multiplie les partenariats avec des associations, fait-elle partie des missions de l’entreprise ?

La fondation incarne notre mission d’entreprise citoyenne. Ma conviction est que l’entreprise doit rendre à la « cité » ce qu’elle lui donne et jouer pleinement un rôle actif dans son environnement proche. Notre métier, c’est l’amélioration de l’habitat. Il est donc naturel que nous tentions de réduire les exclusions liées au logement. Il nous faut être légitimes sur les actions que nous entreprenons. Par ailleurs, je suis convaincu que les entreprises doivent mieux partager et être mieux reconnues par la sphère publique.

C’est-à-dire ?

Certes, l’esprit d’entreprise n’est pas assez soutenu en France, la fiscalité est défavorable au patrimoine, notamment au niveau des transmissions, ce qui empêche l’essor des entreprises de taille intermédiaire (ETI). Mais les entreprises ont aussi leur part de responsabilité. Quand on réclame moins de charges pour améliorer la compétitivité, il faut pouvoir renvoyer l’ascenseur au politique, l’aider sur les enjeux d’emploi et d’insertion, être coresponsable sur son territoire.

Qu’attendez-vous de la réforme de la représentativité patronale ?

Pas grand-chose. Le paysage patronal est pour moi confus, peu lisible. Je ne me sens pas spécialement représenté par le Medef, qui est trop éloigné des problématiques industrielles. Le mode d’élection du président me semble, par ailleurs, peu démocratique. Mais j’ai été favorable dès le début à la candidature de Pierre Gattaz. C’est un patron d’ETI, proche des préoccupations de nombreux chefs d’entreprise et qui veut réhabiliter l’image de l’industrie.

Vous êtes partisan d’un interventionnisme de l’État dans l’industrie. Quelle forme doit-il prendre ?

On ne peut pas rester inactifs quand un groupe français bascule sous capitaux étrangers. Or cela a trop souvent été le cas. Il faut rebâtir une politique industrielle, être offensifs. Un pays comme la Chine sait très bien le faire. La création du ministère du Redressement productif a été un bon signal.

Vous êtes le coauteur d’un rapport sur les aides publiques aux entreprises, remis au gouvernement en juin. Vous préconisez des simplifications, un meilleur ciblage et 3 milliards d’euros d’économies. Avez-vous été entendu ?

Le gouvernement a décidé la moitié de ce que nous avions proposé. C’est dommage parce que nous nous étions efforcés de bâtir un projet cohérent. Il n’a pas voulu remettre en cause certaines aides, comme celles accordées aux débitants de tabac ou encore aux DOM-TOM, probablement par crainte des conséquences électorales.

Comment jugez-vous la loi sur la sécurisation de l’emploi, issue d’un accord entre les partenaires sociaux ?

Sa philosophie est bonne. Il faut aller vers une logique de partenariat et de coresponsabilité. Quand on examine le contenu de la loi, c’est loin d’être une révolution… mais c’est un bon début. Au plus haut niveau, les responsables politiques, patronaux et syndicaux doivent faire preuve de courage pour réformer. Chacun doit abandonner son pré carré, quitte à mécontenter ses troupes.

Jean-Philippe Demaël

46 ans.

1993

Adjoint à la Drire Rhône-Alpes.

1996

Directeur de cabinet à la direction des stratégies industrielles (Bercy).

1998

Directeur de la stratégie de la branche Inox d’Usinor.

2005

DG d’ArcelorMittal Inox Brésil.

2008

DG de Somfy Activités.

Auteur

  • Nicolas Lagrange