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Agir sur les emplois non pourvus peut-il faire baisser le chômage ?

Actu | L’éco du mois | publié le : 01.09.2013 | Sandrine Foulon

Yannick L’Horty Professeur à l’université Paris Est Marne-la-Vallée

Pour créer un emploi, il ne suffit pas de créer un poste de travail, il faut aussi réussir un bon appariement entre les caractéristiques du poste de travail et les compétences et les attentes du demandeur d’emploi. La qualité de cet ap­pariement conditionne la pérennité de l’emploi. Et comme une rencontre réussie nécessite d’échanger beaucoup d’informations, elle prend nécessairement du temps. Il est donc tout à fait normal de voir coexister des emplois vacants et des chômeurs, même dans les économies les plus dynamiques. Il existe ainsi une relation stable entre le nombre d’emplois vacants et celui des demandeurs d’emploi, connue sous le nom de courbe de Beveridge.

Pour autant, lorsque la durée de recherche ou le stock d’offres non pourvues deviennent excessivement élevés, cela traduit un mauvais fonctionnement du marché du travail. Un dépla­cement de la courbe de Beveridge signale une congestion du marché qui peine à réussir de nouveaux appariements. Certes, il peut y avoir dans le stock d’offres non pourvues des offres obsolètes, qui ne sont plus d’actualité et/ou qui ont été pourvues par d’autres canaux sans que cela ait été déclaré.

Mais, au-delà de ces défauts de mise à jour, les difficultés récurrentes ressenties par les employeurs pour trouver des candidats qui correspondent aux prérequis du poste de travail signalent effectivement un dysfonctionnement du marché. De nombreux leviers peuvent alors être actionnés. Il s’agit de mieux orienter les demandeurs d’emploi, de mieux les former et les informer, ou encore de faciliter les mobilités résidentielles. Il s’agit aussi d’agir sur les offres elles-mêmes en renforçant leur attractivité, en améliorant les conditions de travail et de rémunération. Tout ce qui peut favoriser les rencontres est bénéfique, sans tomber toutefois dans le travers de la contrainte et du mariage forcé.

Hélène Paris Directrice des statistiques, des études et de l’évaluation à Pôle emploi

Oui, mais cet effet ne pourra qu’être limité. Sur les 3 millions d’offres collectées par Pôle emploi en 2012, on évalue à 116 000 le nombre d’offres qui n’ont pas trouvé preneur faute de candidats. Soit 4 % des offres au total. Certes, Pôle emploi ne couvre pas la totalité du marché du travail : sur les contrats de plus d’un mois, on estime que la part de marché de Pôle emploi est de l’ordre de 38 %. Il reste que le phénomène des abandons de recrutements, qui portent sur des emplois peu qualifiés (par exemple les services en restauration) comme sur des emplois à compétences très spécifiques (les métiers dans les études et le développement informatiques ou la chaudronnerie-tôlerie…), est sans commune mesure avec le chômage de masse que connaît notre pays (3,3 millions de personnes inscrites à Pôle emploi à la fin du mois de mai 2013).

Inexpérience des recruteurs, déficit de connaissance du marché du travail, appariement complexe entre offre et demande, problème d’image de certains métiers peuvent expliquer les échecs de recrutement. Face à ces difficultés, la nouvelle offre de services de Pôle emploi mobilise trois grands leviers. Le premier consiste à mieux faire connaître et diffuser plus largement les offres d’emploi et les profils des demandeurs d’emploi, d’une part, et à renforcer l’accès aux informations sur la réalité du marché du travail, d’autre part, à la fois pour les recruteurs et les demandeurs d’emploi. Le deuxième levier porte, grâce à un service pour la formalisation de l’offre, sur l’accompagnement des besoins de recrutement des entreprises qui en ont le plus besoin, en particulier les plus petites. Le troisième levier est de rapprocher les demandeurs d’emploi de l’offre, avec la nouvelle offre de services orientation­formation et les aides à la mobilité géographique, pour les encourager au plus vite à construire leur projet professionnel en tenant compte des opportunités qui existent sur le marché du travail.

POUR EN SAVOIR PLUS

La mesure des « emplois vacants »

http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Emplois_Vacants_MAJ070910.pdf

Observatoire TEC (Tendance Emploi Compétence) du Medef. www.medef.com/fileadmin/user_upload/www.medef-corporate.fr/document/Images_TEC/PlaquetteTEC.pdf

Pourquoi certaines offres d’emploi sont « non pourvues » ?

www.pole-emploi.org/communication/les-offres-non-pourvues-@/communication/543/view-article-52436.html

Auteur

  • Sandrine Foulon