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Le journal des ressources humaines

Anglais or not anglais à la fac ?

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 05.06.2013 | A.-C. G.

L’introduction de cours en anglais dans les cursus heurte certains intellectuels et hommes politiques français. C’est une évidence pour des universités bousculées par la concurrence internationale.

On savait le projet de loi sur l’enseignement supérieur à risque. Mais la ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, n’imaginait sans doute pas cette levée de boucliers. En tout cas pas sur sa proposition d’introduire des cours en anglais dans certains cursus ouverts à des étudiants étrangers. Intellectuels et hommes politiques de gauche comme de droite sont montés au créneau, inquiets de la perte d’influence de la langue française dans le monde.

Reste que les universités françaises vivent aujourd’hui dans un environnement très international. En introduisant des cours en anglais, l’idée du ministère est de doper l’attractivité des établissements qui accueillent et forment déjà quelque 230 000 étudiants étrangers. À Dijon, Samuel Mercier, enseignant en gestion et responsable du master RH de l’IAE de Bourgogne, pointe un combat d’arrière-garde et un très mauvais signal donné aux jeunes Français. « Dans mon propre master, j’ai introduit des modules en anglais. Nous poussons nos étudiants à s’ouvrir à d’autres cultures. Pourquoi garder nos jeunes dans le cocon de leur langue natale alors que dehors, sur le marché du travail, les entreprises leur demandent de parler anglais ? » interroge l’universitaire.

Dans les grandes écoles, l’autre versant de l’enseignement supérieur, le débat est clos depuis plus de vingt ans. L’ESCP Europe, présent à Paris, Londres, Berlin, Madrid et Turin, propose aux étudiants de suivre le cursus dans la langue du pays ou en anglais. « L’université est par essence internationale, note Édouard Husson, le directeur général. Pas un universitaire ne fait carrière sans parler anglais. Je suis opposé à tout ce qui peut limiter l’accès des étudiants à un enseignement multilingue. »

Et multiculturel. Car les entreprises traquent désormais des jeunes capables de parler d’autres langues mais surtout d’évoluer dans différentes cultures. « Elles veulent des ingénieurs acculturés, capables de dialoguer avec des ouvriers, des techniciens et pas seulement des cadres », explique Jean-Pierre Trotignon, directeur du réseau d’écoles d’ingénieurs N + i.

Pour répondre à ces exigences, le réseau de 70 écoles propose des packages payants (linguistique, culturel, méthodologique) pour favoriser l’intégration des étudiants étrangers avec un tutorat réalisé par des enseignants bilingues.

Auteur

  • A.-C. G.