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Idées

L’ESS ne connaît pas la crise…

Idées | Bloc-notes | publié le : 05.06.2013 | Catherine Barbaroux

UN CHANGEMENT D’ÉCHELLE NÉCESSAIRE

Le projet de loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS) sera présenté au Conseil des ministres en juillet et discuté en septembre lors d’une session extraordinaire. Dès le mois de juin, la BPI et la Caisse des dépôts confirmeront la doctrine d’emploi des 500 millions d’euros de crédits supplémentaires affectés à cette économie qui ne peut plus être considérée comme « résiduelle ou simplement réparatrice ». En réunissant en mai dernier ses acteurs, Le Labo de l’ESS, animé par l’infatigable Claude Alphandéry, a fait la démonstration de la diversité, de la force et de la dynamique de croissance de cette économie qui allie la création de valeur à l’utilité sociale et au développement durable.

Le changement d’échelle espéré sera-t-il enfin au rendez-vous ? Probablement, si trois conditions sont réunies. Il faut aller jusqu’au bout de l’analyse de la crise actuelle et la traiter comme une mutation en profondeur des conditions de la compétitivité : la coopération, la transparence, la citoyenneté, l’empreinte sociale, la durabilité, la solidarité en sont les leviers les plus efficaces. Il faut que les financeurs de l’économie (nationaux et locaux, publics et privés) acceptent des amortissements longs et une rentabilité différée pour des besoins fondamentaux mal satisfaits par le marché. Il faut enfin que l’ESS se remette en cause, travaille ses indicateurs d’impact, sa gouvernance et son articulation avec les acteurs locaux (qu’ils soient institutionnels, économiques, sociaux ou associatifs). L’intérêt des citoyens pour l’épargne solidaire, l’engouement des jeunes diplômés pour les entreprises de ce secteur, la place que lui donnent les régions dans les schémas de développement économique, l’internationalisation des débats autour de la RSE… Tout converge vers un élargissement rapide.

LA GRANDE CONFÉRENCE SOCIALE, ÉPISODE DEUX

Il aura fallu presque un an pour traduire dans la loi la dynamique lancée par la grande conférence sociale de juillet 2012 et la négociation interprofessionnelle qu’elle a enclenchée. Même si c’est un peu long et encore conflictuel, on peut se réjouir de deux choses : la persévérance du gouvernement à donner toute sa place au dialogue social dans les principes et dans la méthode et l’implication des partenaires sociaux eux-mêmes dans le travail préparatoire et l’approfondissement des discussions.

On peut saluer aussi, in fine, le souci des élus (malgré des tentations contraires) de respecter leur domaine de responsabilité. On sait que la deuxième conférence, précisément parce que la première a fait la démonstration de son impact sur la place et le contenu du dialogue social, sera délicate, d’autant que les sujets sont ô combien sensibles. Pour autant, on perçoit bien que le rythme s’installe et que ce rendez-vous désormais annuel pourrait bien devenir, comme on l’espérait, un marqueur de la démocratie sociale.

Avec la disparation brutale de Vincent Merle, la formation professionnelle vient de perdre l’un de ses plus grands serviteurs. Vincent était chaleureux, simple, direct. Il mêlait l’expertise à l’action, l’exigence des idées à la recherche d’efficacité avec la transformation des pratiques dans l’entreprise comme dans l’État. Il a « formé » nombre d’entre nous avec une infinie patience. C’est peu dire qu’il va nous manquer.

Auteur

  • Catherine Barbaroux