logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Le patronat comme vous ne l’avez jamais vu

Idées | Livres | publié le : 05.06.2013 |

Image

Le patronat comme vous ne l’avez jamais vu

Crédit photo

De 1980 à 2003, Bernard Giroux a vécu de l’intérieur, comme membre du service de presse du CNPF (devenu Medef en 1998) puis de responsable dudit service à partir de 1989, l’histoire de l’organisation patronale. Son récit constitue donc un apport précieux à la connaissance de cette période de l’histoire sociale française. Le livre vaut d’abord par les portraits des cinq « patrons des patrons » qu’a servis Bernard Giroux. Difficile de dire lequel d’entre eux il a préféré. On le sent admiratif pour François Ceyrac, complice d’Yvon Gattaz, reconnaissant envers François Périgot, curieux et respectueux face au « phénomène » Gandois, autant amusé qu’agacé par le flamboyant Ernest-Antoine Seillière, qui le renvoya pourtant du Medef. Le sixième exercice du genre concerne celle qu’il n’a pas connue comme présidente mais qu’il surnomme « la dame de pique », Laurence Parisot, la soupçonnant de fausse candeur et de vraie maladresse dans sa gestion de l’affaire de la cagnotte de l’UIMM. Ceux qui connaissent bien cet « apparatchik », comme il se décrit lui-même, savent en fait que le président de l’organisation patronale dont il aurait le plus aimé être le porte-parole était Yvon Chotard, longtemps maître d’œuvre de la politique sociale du CNPF, pour lequel il n’a pas hésité à prendre quelques risques personnels lors des batailles internes patronales et avec qui il partageait la même passion pour la négociation sociale. Cette galerie de portraits, qui s’agrandit aussi de personnalités moins connues – mais ô combien importantes pour le mouvement patronal – comme Jean Neidinger, le Pic de la Mirandole de la législation sociale, ou Pierre Guillen, l’ancien délégué général de l’UIMM, stratège hors pair de la négociation, fait tout l’intérêt de cet ouvrage plein de verve et d’humour, à l’instar de son auteur. On y revivra aussi, presque comme si l’on y était, les péripéties qui ont émaillé certaines des grandes négociations des trois dernières décennies : celle sur les 35 heures, bien sûr, qui fut fatale à Jean Gandois, mais aussi le fameux accord mort-né de décembre 1984 sur la flexibilité, l’accord du 17 juillet 1981 sur le temps de travail ou encore celui consécutif à la retraite à 60 ans, avec la création baroque de l’Association pour la structure financière. Une lecture instructive et distractive.

Medef, confidences d’un apparatchik, Bernard Giroux. Éditions L’Archipel . 190 pages, 17,95 euros.