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Sale temps pour l’actionnariat salarié

Actu | Veille | publié le : 05.06.2013 | Stéphane Béchaux

Dans les grandes entreprises cotées, les opérations d’actionnariat salarié se font rares. Une énième conséquence de la crise.

Chez Areva, on ne fait rien comme les autres en matière d’actionnariat salarié. Maintes fois envisagée depuis le milieu des années 2000, l’ouverture du capital aux troupes avait jusqu’ici toujours été reportée. Jusqu’à ce printemps 2013 « historique » qui voit le spécialiste du nucléaire se jeter dans le grand bain boursier… à l’heure où les autres groupes cotés s’en détournent ! « La période n’est pas du tout porteuse. Dans les entreprises en difficulté, on a mis les projets sous cloche car ils sont invendables auprès des salariés et de leurs représentants. Dans les autres, on se montre aussi prudent : les cours de Bourse ont beaucoup monté et les prévisions économiques sont très incertaines », observe Jérôme Dedeyan, associé chez Debory Eres, un cabinet spécialisé dans l’épargne salariale. Résultat, le premier semestre du cru 2013 s’annonce particulièrement terne. Seules les entreprises qui, par culture, procèdent à des ouvertures de capital avec une régularité de métronome ont maintenu leurs projets contre vents et marées. À l’exception de BNP Paribas, qui a préféré passer son tour cette année. Les collaborateurs de la Société générale, de Vinci ou de Thales se sont ainsi vu offrir une nouvelle possibilité d’acheter des actions de leur employeur.

Mais à des conditions parfois moins généreuses, pour absorber notamment la hausse du forfait social, désormais fixé à 20 %, qui renchérit les coûts. Chez Vinci, par exemple, la décote sur les titres est passée de 10 à 5 % et l’abondement a été rogné au-delà des 1 000 premiers euros investis. « La direction financière a intégré cette évolution de la fiscalité pour ne pas modifier en global les sommes dédiées à l’épargne salariale », constate la CGC de Cofiroute. « Les entreprises avaient déjà commencé à réduire les avantages avant la hausse du forfait social. Avec la crise, elles ont passé en revue tous leurs coûts, dont ceux liés aux opérations d’actionnariat salarié, qui peuvent s’avérer très élevés », relativise néanmoins Vincent Cornet, directeur de la rémunération globale chez Aon Hewitt France. Très prisées au milieu des années 2000, les opérations d’actionnariat avec effet de levier et capital garanti ont, elles, disparu des écrans radars. Alors même qu’elles offrent une sécurisation des avoirs bienvenue en ces temps d’incertitudes financières. « Le frein se trouve du côté des établissements bancaires. Dans ce type de montage, ils ont besoin de se couvrir, ce qui coûte très cher quand les cours de Bourse sont volatils », explique la consultante Christine Baudelaire, du cabinet Altedia.

Dans ce climat agité, l’ouverture de capital en cours chez Areva fait figure de curieuse exception. Mais, en interne, on est loin de l’euphorie vécue chez EDF en 2005, lorsque l’État avait permis aux troupes de boursicoter sur les titres de la maison. À des conditions jugées, à l’époque, ultra généreuses… avant que le cours de Bourse ne s’effondre. Du côté du fabricant de réacteurs nucléaires, aucune chance que les salariés investissent massivement. Car leur employeur a fortement serré la vis. Les collaborateurs français, allemands et américains – soit 86 % des effectifs – se voient ainsi proposer des titres sans la moindre décote. Avec un abondement de 300 % sur les… 13 premiers euros investis, qui chute ensuite à 20 %. Décriée par les syndicats, l’offre devrait amener nombre de salariés à n’acheter qu’une action – à 11,77 euros pièce – pour en récupérer trois autres.

Auteur

  • Stéphane Béchaux