Enthousiaste, tenace, aimant la difficulté…, c’est Pierre Gattaz lui-même qui livre ce début d’autoportrait. Celui qui fait figure de favori pour la présidence du Medef, après son adoubement par l’UIMM et par la FFSA, apprécie la confrontation. Pour justifier sa candidature, le président du directoire de Radiall (fabricant de composants électroniques) évoque une loi de finances 2013 punitive et dénonce les postures dogmatiques des pouvoirs publics, notamment sur la taxation des plus-values de cessions, tout en répétant que son engagement est apolitique. Une campagne offensive qui en rappelle une autre, celle de Laurence Parisot en 2005, avec sa fameuse sortie (« la liberté de penser s’arrête là où commence le droit du travail »)…

Le Medef de combat qu’il souhaite incarner pourrait-il durcir les relations sociales L’intéressé s’en défend vigoureusement : « Je suis très attaché au dialogue social. Si j’étais un ultralibéral, cela fait longtemps que je n’aurais plus d’usine en France. » Avec ses interlocuteurs syndicaux du Conseil national de l’industrie, le patron de Radiall, qui réalise 80 % de son chiffre d’affaires à l’international, assure être d’accord sur l’essentiel : la préservation de l’outil de travail en France. « Il a un penchant naturel à tout ramener au coût du travail et aux 35 heures, témoigne l’un d’entre eux. Mais lorsqu’on le lui fait remarquer, il est capable de revenir à un discours plus équilibré et plus ouvert. »

Classique pourfendeur des lourdes charges patronales, il n’est pas hostile à une taxation plus sévère de la spéculation financière. « Pierre Gattaz n’a pas d’ego surdimensionné, il joue collectif », affirme un de ses soutiens de la métallurgie. En campagne, le candidat met en avant Radiall, sa taille intermédiaire (2 500 salariés dont 1 000 en France) et son développement (un chiffre d’affaires de 220 millions d’euros en 2012, multiplié par trois en vingt ans). « C’est un patron paternaliste, globalement apprécié, qui se déplace régulièrement dans les usines, témoigne Guy Manin, délégué CGT sur le site de Voreppe (Isère). On se sent plutôt protégés par rapport à de nombreuses entreprises industrielles en difficulté. Les salaires sont dans la moyenne ; le budget social du CE, lui, est faible. » Fervent partisan du lean management, Pierre Gattaz milite pour un nouvel accord interprofessionnel qui donnerait aux entreprises plus de capacités d’adaptation (via un assouplissement des licenciements) tout en favorisant l’employabilité des salariés.

Quid de son étiquette de « fils de… » ? « J’ai beaucoup d’admiration pour mon père, assure le quinquagénaire, mais je ne suis pas un héritier. » Enfant, Pierre Gattaz voulait être explorateur. « Le goût du risque, de l’aventure… que l’on retrouve chez l’entrepreneur. » Il a 21 ans quand son père, Yvon, prend la présidence du CNPF pour cinq ans, en 1981. « Un engagement passionnant mais difficile, tant en externe face au pouvoir socialiste, qu’en interne, raconte Pierre Gattaz. Mon père avait d’ailleurs transformé le sigle CNPF en Ce N’est Pas Facile. » Diplômé en France et aux États-Unis, le jeune ingénieur des télécoms fait ses armes dans trois sociétés durant une dizaine d’années avant de s’impliquer, en 1993, dans l’entreprise familiale, dirigée par son père et son oncle. Radiall, alors en difficulté, risquait d’être vendu. « J’ai relevé le défi, ce qui a nécessité beaucoup de transformations », affirme Pierre Gattaz, qui s’est ensuite investi dans des mandats patronaux de plus en plus importants.

S’il est élu président du Medef le 3 juillet prochain, il ne fera qu’un mandat de cinq ans, qui occupera environ 80 % de son temps, tout en continuant à être chef d’entreprise, pour « garder le pouls du terrain ».

53 ans.

1984

Entre chez Électronique Serge Dassault.

1989

Reprend Fontaine Électronique.

1994

Dirige Radiall.

2007

Préside la Fieec.

2010

Préside le GFI.