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Idées

Les “temps modernes” à l’abattoir

Idées | CULTURE | publié le : 04.05.2013 | A. F.

Manuela Frésil filme le travail ultrachronométré des usines normandes. Sans concession.

Même ce contremaître en volaille, qui a « aimé » la modernisation de son usine, est revenu des « améliorations mécaniques » vantées par la direction, de ces kilos en moins à soulever, porter, déplacer : « À chaque fois, c’est un peu plus de destruction humaine » pour les opérateurs à la chaîne, enjoints de produire plus, plus vite. Hier pour rentabiliser les machines, aujourd’hui pour maintenir les marges. Chaque jour, les chefs de ligne jouent avec la cadence, sans prévenir. « Une seconde en moins par rôti. Quand, après quinze minutes, les employés se disent qu’ils n’y arrivent plus, on est revenu à la normale. »

Des mains gantées qui dépècent, coupent, désossent. Des corps robotisés. Des gestes mécaniques, répétés des centaines de fois par heure. On ne voit que ça dans le documentaire coup-de-poing de Manuela Frésil, vrai réquisitoire contre la dureté des conditions de travail dans les abattoirs normands. Elle le conduit habilement : les témoignages en voix off donnent une universalité à la condition dénoncée d’ouvrier en abattoir. Au-delà de l’abattage de masse, du bruit, du froid, Entrée du personnelraconte surtout les ravages pour le corps et l’esprit du travail ultrachronométré. Sans donner la parole aux directions, mais sans caricaturer. Des ouvriers revendiquent leur choix de travail.

Entrée du personnel (59 minutes), de Manuela Frésil. Sortie le 1er mai.

Auteur

  • A. F.