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Éditorial

Comme ils s’aiment !

Éditorial | publié le : 04.05.2013 | Jean-Paul Coulange

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Comme ils s’aiment !

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Le 3 juillet prochain, lorsque l’assemblée générale du Medef aura désigné le nouveau président de l’organisation patronale, le paysage social sera en place. À une organisation près, Force ouvrière, dont le secrétaire général, Jean-Claude Mailly, en poste depuis 2004, remettra (ou pas) son fauteuil en jeu en 2015. Toutes les autres confédérations de salariés viennent de renouveler leurs équipes dirigeantes. Et, de ce grand chamboule-tout, il se dégage plusieurs enseignements.

Tout d’abord, la démocratie sociale

ne fait guère mieux que la démocratie politique, à laquelle on la compare souvent. Si l’on met de côté le parfait passage de témoin entre François Chérèque et Laurent Berger côté cédétiste, les batailles de succession qui ont agité pendant près d’un an la CGT ou, plus récemment, la Confédération de l’encadrement, n’ont rien à envier aux luttes fratricides qui ont divisé, l’automne dernier, l’UMP ni à celles qui opposent, à chaque congrès, les courants du Parti socialiste. On est en droit de douter de la régularité du scrutin qui a porté Jean-François Copé à la tête de l’UMP en novembre 2012, avec 50,28 % des voix, aux dépens de François Fillon, ou de celle du scrutin qui a fait de Martine Aubry la première secrétaire du PS, avec 102 voix d’avance sur Ségolène Royal en novembre 2008. Mais on ne peut pas dire, non plus, que la façon dont Bernard Thibault a tenté d’imposer sa candidate, Nadine Prigent, à la tête de la CGT, ou dont Bernard Van Crayenest a essayé de torpiller la candidature à la présidence de la CFE-CGC de celle qu’il avait pourtant choisie comme numéro deux, Carole Couvert, sonne les grandes heures du syndicalisme.

Dans ce champ de bataille, le Medef

ne dépare pas, théâtre d’une guerre de succession qui ne fait que commencer. Alors que l’élection de Laurence Parisot avait été empreinte d’une grande sérénité en 2005, l’organisation patronale pouvant se prévaloir d’une forme de modernité en portant à sa tête une jeune femme issue des services, la « présidentielle » de 2013 sent la poudre. Non seulement la sortante a échoué dans une folle tentative de putsch, mais le duel qui s’annonce entre le conservateur Pierre Gattaz et le modéré Patrick Bernasconi a comme un air de déjà-vu dans le Landerneau patronal, où l’on vit s’affronter par le passé les « deux Yvon » (Chotard et Gattaz père) puis Jean-Louis Giral et Jean Gandois.

Par une étrange similitude

la seconde conférence sociale prévue mi-juin risque d’être autant contrariée par les joutes patronales que la première l’avait été en 2012 par les querelles intestines au sein de la CGT. Dans quel état en sortira le syndicalisme français ? C’est toute la question. Pour l’heure, on compte trop d’invectives, de manœuvres d’appareil et de leaders contestés alors que se profilent des réformes capitales, celles de la protection sociale et de l’assurance chômage notamment.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange