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L’Observatoire français des retraites Ipsos-CGI/UMR-Corem – Liaisons sociales magazine

Actu | Baromètre | publié le : 04.05.2013 | Jean-Paul Coulange

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Lorsque vous pensez à votre vie au moment de votre retraite, êtes-vous tout à fait confiant, ou inquiet en ce qui concerne… ?

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Rien de surprenant si le pessimisme des Français et leur défiance envers l’exécutif, tout particulièrement dans les domaines économique et social, s’expriment avec force dans cette onzième édition de l’Observatoire français des retraites, réalisé par Ipsos-CGI pour UMR-Corem et Liaisons sociales magazine. Le sentiment d’inquiétude qu’ils éprouvent quant à leur niveau de vie au moment de leur retraite et au montant de leur pension s’est encore aggravé depuis la vague de l’automne dernier. Les prévisions alarmistes du Conseil d’orientation des retraites et les discours anxiogènes tenus par la classe politique n’y sont sans doute pas étrangers. D’autant plus que la conjoncture dégradée limite les capacités financières de nos concitoyens en vue de se constituer une épargne-retraite. C’est donc contraints et forcés qu’ils appellent le gouvernement à réformer en profondeur les régimes par répartition, y compris par des mesures douloureuses. Tout en ne lui accordant aucun crédit sur le résultat.

Retrouvez l’intégralité de l’étude sur www.wk-rh.fr

Petite pension en vue

Jamais l’angoisse de nos concitoyens au sujet de leur retraite n’a été aussi forte. Quatre Français sur cinq sont désormais inquiets du montant de leur pension. Une proportion en augmentation de 4 points par rapport à l’automne 2012 et de 16 points par rapport à la même période de 2011. Un sentiment plus fort chez les femmes (83 %) que chez les hommes (76 %) et qui culmine chez les 35-44 ans (92 %), dans la catégorie des artisans, commerçants et chefs d’entreprise (93 %). Et parmi les sympathisants des Verts (90 %) et du Front national (89 %) ! Au cours des quatre dernières années, c’est lors du vote, fin 2010, de la loi Fillon que les Français se sont montrés le plus confiants quant à leur retraite. Et encore, cela ne représentait-il qu’un tiers d’entre eux !

Cigales et fourmis

Épargnants et non-épargnants se répartissent en deux catégories égales, alors qu’au printemps 2009 les fourmis (53 %) étaient nettement plus nombreuses que les cigales (44 %). Les plus prévoyants sont les plus âgés (un quart des 18-24 ans ont épargné contre les deux tiers des 70 ans et plus) et ceux qui sont à leur compte : 60 % des artisans, commerçants et chefs d’entreprise ont constitué un bas de laine. L’autre critère restant la situation sociale : 62 % des Français gagnant au moins 3 000 euros net mensuels disposent d’une épargne-retraite contre 35 % de ceux percevant moins de 1 200 euros.

Difficile d’épargner

Cette absence de cagnotte en vue de la retraite a, en effet, une explication simple : l’insuffisance de moyens, citée dans 80 % des cas (contre 68 % en avril 2009) et par 94 % des bas revenus (moins de 1 200 euros mensuels), 87 % des 45-59 ans et 91 % des employés qui n’ont pas épargné. À noter, tout de même, que 31 % des cadres supérieurs évoquent leur manque d’intérêt pour l’épargne-retraite et que 76 % des interviewés, dans le milieu agricole, citent la crainte de perdre leurs économies.

Vive le Grand Soir !

Incorrigibles Français ! Alors qu’ils avaient très mal vécu la réforme de 2010 appliquant le report de l’âge légal de départ à 62 ans, avec un sentiment mêlé de colère et de résignation, ils prônent, depuis l’alternance du printemps 2012, une totale remise à plat du système de retraite. C’est particulièrement le cas des 35-44 ans (77 %), des agriculteurs (81 %), des travailleurs indépendants (76 %) et de ceux qui ont un revenu net situé entre 2 000 et 3 000 euros mensuels (70 %). A contrario, les plus favorables à un simple replâtrage sont les moins de 24 ans (41 %) et les employés et ouvriers (35 %). En fonction des affinités politiques, les écarts sont saisissants : 90 % des sympathisants de l’UDI et 71 % de ceux de l’UMP aspirent à un Grand Soir sur les retraites, contre 47 % seulement des partisans du PC et du Front de gauche.

Panne de confiance pour le gouvernement

La sanction est sans appel. Les trois quarts des personnes interrogées par Ipsos ne font pas confiance au gouvernement Ayrault pour garantir l’avenir des régimes de retraite par répartition. Ils n’étaient « que » 64 % lorsque le gouvernement Fillon a engagé la réforme de 2010. Le niveau de défiance dépasse 84 % chez les 25-34 ans et avoisine 80 % chez les 35-59 ans. Le désaveu est encore plus fort chez les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (94 %) et il est très élevé parmi les employés (81 %), les bacheliers (83 %) et les Français gagnant entre 2 000 et 3 000 euros mensuels (80 %). Seuls les sympathisants socialistes accordent leur confiance, d’une courte tête (52 %), à l’exécutif en vue de cette réforme capitale. À gauche, 75 % des partisans des Verts et 55 % de ceux du Front de gauche ne lui font pas confiance. À droite, le taux de défiance est de 94 % pour les sympathisants de l’UMP et de l’UDI, et de 85 % pour le MoDem.

Solliciter les actifs, pas les retraités

Aller plus loin que la retraite à 62 ans ? Pour une large majorité, c’est nécessaire (62 %) mais pas souhaitable (62 %), ce qui montre la difficulté de réformer dans ce domaine. Les Français, en particulier les jeunes, préconisent de faire porter l’effort davantage sur les actifs – 73 % des 18-24 ans jugeant nécessaire une augmentation de la durée de cotisation et 74 % d’entre eux une hausse de la cotisation retraite – que sur les retraités. Ainsi, 93 % des 45-59 ans et 97 % des cadres sup écartent une diminution des pensions ; 96 % des travailleurs indépendants refusent une plus forte taxation des retraités ; 81 % des cadres sup et 86 % des sympathisants du PC et du Front de gauche repoussent une désindexation des retraites.

Sondage réalisé par Ipsos les 12 et 13 avril 2013 auprès de 1 019 personnes de 15 ans et plus interrogées par téléphone, selon la méthode des quotas.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange