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Le chantre du dialogue social

Actu | EUX | publié le : 04.05.2013 | Stéphane Béchaux

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Le chantre du dialogue social

Crédit photo Stéphane Béchaux

Silence radio. Au sein du gouvernement comme des syndicats, on ne soutient officiellement personne dans la campagne en cours pour la présidence du Medef. Mais si les ministres et les syndicalistes pouvaient voter, ils désigneraient Patrick Bernasconi sans ciller. Depuis le retrait anticipé de Frédéric Saint-Geours de la course, le patron de la Fédération nationale des travaux publics reste en effet l’unique candidat au trône de l’Avenue Bosquet à croire sincèrement aux vertus de la négociation collective. « Parmi les postulants, il est le seul à considérer que la défense des entreprises inclut le dialogue social. Les autres le voient plutôt comme un frein », observe un dirigeant cédétiste. Ces dernières années, l’ex-bras droit de Laurence Parisot a ainsi piloté deux dossiers phares : la réforme de la représentativité syndicale, en 2008, et la sécurisation de l’emploi, à l’automne dernier. Des chantiers menés à terme, qu’il met en avant pour défendre sa méthode, celle du dialogue social. « On ne rattrapera pas notre retard sur l’Allemagne en bloquant le pays. Je n’aspire pas à être sur les barricades mais à les faire tomber », explique l’intéressé. Un discours à l’opposé de celui de Pierre Gattaz, actuel favori de l’élection, qui a su séduire l’UIMM avec son image de patron de combat.

Bien conscient qu’un positionnement trop social lui serait fatal, Patrick Bernasconi montre lui aussi les muscles. Comme tous ses adversaires, il réclame une baisse des dépenses publiques et une réduction des charges, notamment via la suppression des cotisations de la branche famille. Et se prononce pour le rétablissement de la dégressivité des allocations chômage. Des propositions certes populaires au sein du patronat, mais pour lesquelles il manque de crédit. Spécialisée dans les canalisations, l’entreprise familiale qu’il dirige vit de la commande publique. Et c’est lui qui a négocié les deux dernières conventions Unedic, lourdement déficitaires ! Pour emporter la mise le 3 juillet lors de l’assemblée générale du Medef, Patrick Bernasconi sait pouvoir compter sur le soutien de la grande famille du BTP. Il espère, aussi, rallier d’anciens fidèles de Frédéric Saint-Geours et, pourquoi pas, de Laurence Parisot. « Elle pèsera sur la campagne », pronostique celui qui a lâché la présidente du Medef juste avant le vote sur le changement des statuts qui lui a été fatal.

Reste qu’il va lui falloir élargir le cercle de ses supporters au-delà, en conquérant le cœur des petits patrons. À première vue, il en est le digne représentant. Diplômé de l’École spéciale des travaux publics, ce fils d’immigré italien est aux manettes de l’affaire familiale, Bernasconi TP, depuis 1985. Une PME normande de 47 salariés qui, en 2011, a réalisé 10,3 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un résultat courant négatif de 120 000 euros. Cette activité rapporte à l’intéressé 5 000 euros net mensuels, comme il l’a lui-même révélé le 3 avril lors de son entrée en campagne. Sauf qu’à y regarder de plus près, ce père de quatre enfants vit mieux qu’un modeste entrepreneur provincial : il loge dans les beaux quartiers du XVIIe arrondissement, possède 60 % de l’entreprise familiale – elle-même actionnaire au tiers d’un groupe de travaux publics guadeloupéen qu’elle va céder – et un tiers des établissements albigeois Benezech, spécialisés dans le terras sement et l’assainissement. De même, le natif de Domjean (Manche) ne dirige plus que de loin les affaires familiales. Investi à temps plein dans ses fonctions patronales, c’est lui qui fait venir à la FNTP, une fois par mois, les dirigeants de sa structure. Une gestion à distance qu’il espère bien prolonger dès cet été en prenant la tête du patronat français. Pour quatre ans, renouvelables une fois, comme il s’y est engagé dans son programme de campagne.

PATRICK BERNASCONI

57 ans.

1985

Dirige Bernasconi TP.

1996

Préside Canalisateurs de France.

2005

Préside la FNTP.

2008

Négocie la réforme de la représentativité syndicale.

2010

Entre au Cese.

Auteur

  • Stéphane Béchaux