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Idées

Rémunérations abusives : grande première en Suisse

Idées | Bloc-notes | publié le : 02.04.2013 | Catherine Barbaroux

RÉMUNÉRATION DES DIRIGEANTS

Par référendum, les Suisses ont largement approuvé une initiative visant à la limitation des « rémunérations abusives » des patrons des sociétés cotées en Bourse dans leur pays ou à l’étranger. Une grande première, qui vise à un renforcement de la « démocratie actionnariale » en donnant un droit de veto sur le montant des retraites chapeaux, des parachutes dorés et autres accessoires de salaires. Le gouvernement allemand s’est déclaré intéressé par une telle démarche, tout comme le Premier ministre français. Dans la foulée, l’Europe a rappelé qu’une initiative serait prise d’ici à la fin 2013.

Comme souvent, sous couvert d’une vertueuse réaction, nul ne met la même chose sous les mêmes mots. Le gouvernement français a d’abord opté pour une logique de « plafonnement » en limitant à 450 000 euros brut annuels les rémunérations des dirigeants des entreprises publiques. S’il suit les conclusions de la mission d’information sur la transparence de la gouvernance des grandes entreprises, il privilégierait aussi une taxation des entreprises et des bénéficiaires dont les pratiques seraient jugées excessives : une cible plus large (sociétés cotées et non cotées), dissuasive et sans lien avec la performance des dirigeants. Ce qui apparaît contradictoire avec les exigences posées par les codes de déontologie généralement proposés qui suggèrent d’asseoir les rémunérations sur des bases « objectives, proportionnées et transparentes ». L’interprétation de chacun de ces trois critères pose de redoutables problèmes d’appréciation pour les administrateurs indépendants dans les conseils d’administration ! Sans préjuger de ce qui semble légitime dans le corps social comme écart de rémunérations en période de crise ! Gageons que ce débat sera vif, même s’il est désormais nécessaire.

L’INVESTISSEMENT FORMATION

Qu’il s’agisse de Terra Nova, des annonces de Thierry Repentin en Conseil des ministres, de l’accord du 11 janvier ou du Guide de la Fédération de la formation professionnelle pour « rendre compte des impacts économiques et sociétaux des investissements en formation professionnelle », la formation est à nouveau plébiscitée comme un « investissement indispensable à la relance de l’économie nationale », pour reprendre le titre d’une tribune d’Yves Barou, le président de l’Afpa. Pourquoi cette impression de répétition incantatoire ? Pourquoi, malgré un large consensus, un si décevant bilan, une si lente évolution ? Sans doute le sujet est-il vite considéré comme technique, complexe, illisible par les politiques comme par les dirigeants d’entreprise. Sans doute manque-t-on d’études d’impact accessibles. De ce point de vue, le Guide de la FFP déçoit, car s’il propose des indicateurs de reporting utiles, il ne fournit pas d’outils de mesure démonstratifs de l’influence de la formation sur la compétitivité. Et surtout une révolution reste à faire sur le lien entre emploi, diplôme, compétences, acquis de l’expérience et reconversion. Dernière chose, l’illettrisme déclaré grande cause nationale 2013 : on l’avait souhaité, c’est officiel. Et c’est une bonne nouvelle pour la lutte contre l’exclusion.

Auteur

  • Catherine Barbaroux