Dans l’open space du 4e étage…
– Allô ? Docteur Illoire ? Oui, c’est pour mon mari. Il a des boutons sur tout le corps. Il souffre le martyre !
Carole et Nathalie, en aparté…
– J’en peux plus, elle me casse les oreilles. Tu vas voir que dans cinq minutes elle va nous raconter en détail la taille et la couleur desdits furoncles. Ça lui est complètement égal qu’on soit en train de travailler.
– Et se taper Garou à chaque fois que son téléphone sonne, ça devrait être interdit par le règlement intérieur !
Soudain résonne le Caruso de Florent Pagny…
– Oups ! excuse-moi Nathalie, c’est mon fils… Comment ça, t’as été collé ? Non, je ne m’énerve pas. Non, je ne crie pas. Je suis au bureau de toute façon…
“Le bureau, c’est l’endroit où l’on n’entre pas en conflit ouvert avec autrui : les enjeux sont trop lourds. On réprime ses émotions ou on les exprime devant la machine à café, dans des e-mails aux copains, à l’heure du déjeuner […] Le bureau est le lieu où se tissent, dans l’ombre, des rapports de pouvoir, de haine, d’amour, de compromission, d’alliances momentanées et de petits meurtres entre collègues.”
Alexandre Dubarry, auteur de Comment dire à un collègue qu’il sent mauvais sous les bras (Leduc.s Éditions, 2012).
Ce que dit la loi : Votre collègue sent mauvais ? Mieux vaut prendre des pincettes ou investir dans un désodorisant plutôt que de lui parler de ses problèmes de transpiration. Pour la Cour de cassation, des propos, mêmes corrects, tenus à une salariée qui sentirait mauvais peuvent s’apparenter à un harcèlement moral et même à une atteinte à la dignité justifiant la résiliation judiciaire du contrat aux torts de l’employeur (12.2.2012, 7.2.2012).
« La pauvre, ma mère… Elle a un décalage horaire sous les aisselles… À 9 heures du matin, sous ses bras, il est 9 heures du soir », Patrick Timsit.
