logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Éditorial

Du courage pour la réforme des retraites

Éditorial | publié le : 02.04.2013 | Jean-Paul Coulange

Image

Du courage pour la réforme des retraites

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Drôle d’anniversaire ! Cela fera vingt ans en août que les pouvoirs publics ont commencé à réagir au péril démographique qui menace nos régimes de retraite par répartition. La première des réformes fut le lot d’Édouard Balladur, qui administra, en pleine torpeur estivale, une sévère purge aux seuls salariés du secteur privé. Il fallut attendre dix ans pour qu’un autre gouvernement s’attaque aux fonctionnaires, alignant, certes, leur durée de cotisation (37,5 ans à l’époque) sur celle du régime général, mais maintenant le calcul de la pension sur leur traitement des six derniers mois et non des vingt-cinq meilleures années. Et l’on attendit encore jusqu’en 2007 pour voir les bénéficiaires des régimes spéciaux participer enfin à l’effort collectif et pour voir tomber l’un des symboles du premier septennat mitterrandien : la retraite à 60 ans.

Vingt ans après l’ouverture de ce chantier permanent,

l’ouvrage est remis sur le métier par la gauche, qui n’a jamais brillé par son courage en matière de retraites. On se souvient de Michel Rocard, qui avait fort bien saisi l’enjeu mais avait tout aussitôt rangé la poussière sous le tapis. Car il y avait de quoi, selon lui, « faire sauter dix gouvernements ». Ou de Lionel Jospin, instruit par un rapport du commissaire général au Plan Jean-Michel Charpin, mais tout aussi pressé de n’en rien faire. Hormis la création d’un fonds de réserve sous-doté. Jean-Marc Ayrault sera-t-il le troisième Premier ministre socialiste à contourner l’obstacle ? Ce n’est pas l’intention affichée par le président de la République et par sa majorité. Il n’est que d’entendre un responsable de la Rue de Solferino, Jean-Marie Le Guen, grand spécialiste de la question, en appeler à l’accélération du calendrier du passage à la retraite à 62 ans pour comprendre que la doxa socialiste a fait du chemin.

Au moins trois arguments plaident

en faveur d’une réforme d’ampleur. Tout d’abord, la rapidité avec laquelle les prévisions de la loi Fillon de la fin 2010 ont été balayées. On nous avait promis un mode de financement durable des retraites des générations actuelles et futures. Et l’on découvre que les régimes par répartition accuseraient un déficit de l’ordre de 20 milliards d’euros en 2020 si rien n’est entrepris. Or la crise n’en est pas la seule et unique responsable.

Ensuite, les partenaires sociaux

viennent de montrer la voie avec les régimes complémentaires. Les actifs n’ont pas été les seuls mis à contribution puisque les retraités paieront les deux tiers de la note. Leurs pensions augmenteront moins que l’inflation jusqu’en 2015. Une désindexation que les experts préconisent d’appliquer aux régimes de base. Réforme systémique, retraite par points ou à la carte, fusion des régimes public et privé…, l’éventail des pistes est large. Et le locataire de l’Élysée – et c’est la troisième raison – n’a pas grand-chose à craindre pour sa cote de popularité !

Auteur

  • Jean-Paul Coulange