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Vie des entreprises

Un CFA multimétier en Gironde

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.09.2000 | Colette Goinère

Bien mal lotie en centres de formation, la Haute-Gironde vient de créer un CFA multimétier. Objectif : attirer les jeunes du cru et doper son bassin d'emploi.

Comment apporter une offre de formation de proximité dans un bassin d'emploi rural de 70 000 habitants ? La Haute-Gironde vit au rythme de la viticulture et de la centrale nucléaire du Blayais, et affiche un taux de chômage de 18 %. L'offre de formation y est restreinte (un seul lycée professionnel). Et, se déplacer à Bordeaux nécessitant deux heures de trajet en autocar, les jeunes sont peu enclins à la mobilité pour se former. La réponse tient dans la création d'un centre de formation et d'apprentissage (CFA) multimétier. Premier du genre en Aquitaine, il ouvre ses portes ce mois-ci dans la petite commune de Reignac. « Nous avons voulu rapprocher l'offre de formation du public des jeunes qui préfèrent rester au pays. Ce CFA est en outre tourné vers l'agriculture, le bâtiment et l'industrie. Trois secteurs qui manquent de main-d'œuvre qualifiée. C'est une approche territoriale en termes d'offre de formation », explique Vincent Cherel, chargé de mission de la communauté de communes de Saint-Ciers-sur-Gironde, maître d'ouvrage du projet.

Un bâtiment flambant neuf, doté d'un atelier polyvalent de 270 mètres carrés, mais aussi d'un chantier-école en robinetterie-calorifugeage, créé en partenariat avec la centrale du Blayais, accueillera à la rentrée 45 apprentis. Un investissement de 5,7 millions de francs auquel ont participé les collectivités locales et la centrale, qui a déboursé 750 000 francs, dont 250 000 francs pour les équipements du chantier de robinetterie. « Ce chantier-école, qui recrée les difficultés et les conditions d'intervention de la maintenance, sera utilisé par les apprentis ainsi que par les salariés des entreprises prestataires de la centrale. C'est une façon d'aider nos sous-traitants, une centaine d'entreprises de maintenance industrielle, qui manquent de main-d'œuvre qualifiée dans tout ce qui est robinetterie et mécanique », estime Pierre Piro, chargé de mission, responsable des relations avec les prestataires à la centrale du Blayais.

Un modèle à copier ?

Ce CFA multimétier repose sur le principe de la mutualisation des équipements et des moyens humains. Un enseignement commun (en maths, français, législation du travail…) sera dispensé. L'enseignement spécifique préparera, dans la section bâtiment, au CAP maçonnerie et, dans la section agriculture, aux CAP vigne et vin et travaux forestiers. Quant à la section industrie, elle formera au CAP maintenance des systèmes automatisés et au CAP exploitant d'équipements industriels. « La formation dans le domaine de la métallurgie et de la maintenance industrielle est très peu développée. Nous manquons de métalliers, de robinetiers et de mécaniciens. Et trop peu de jeunes sont attirés par les métiers de l'industrie », souligne Philippe de Lamarlière, patron de l'entreprise A2M, implantée à Saint-Aubin-de-Blaye, spécialisée dans la maintenance industrielle et la construction métallique.

L'initiative pourrait faire des émules. Une réflexion est déjà engagée sur le bassin de Langon, au sud de l'agglomération girondine. Il n'empêche, la création du CFA ne s'est pas faite sans mal. Malgré le lobby mené par la Fédération de la métallurgie de Bordeaux et du Sud-Ouest, le conseil régional d'Aquitaine a, dans un premier temps, affiché de la prudence. Quant au rectorat, il n'a pas manqué de traîner les pieds.

Auteur

  • Colette Goinère