Tout a été dit ou presque à propos de l’accord interprofessionnel sur la sécurisation de l’emploi. Chacun peut le juger à l’aune de ses préjugés ou de ses priorités. Mais nul ne peut con tester que l’existence d’un accord au contenu dense, fondé sur la nécessité du donnant-donnant pour ouvrir de nouveaux droits aux salariés et faciliter la capacité d’adaptation des entreprises, est en soi une bonne nouvelle ! Certes, il est au-dessous des espérances, notamment parce qu’il ne sera pas signé par deux syndicats, mais il est au niveau des enjeux, et surtout au-dessus des blocages traditionnels. La grande conférence sociale de juillet était donc bien le commencement d’un processus, comme le souhaitaient quasi unanimement ses protagonistes. La responsabilité revient maintenant au politique de tenir le cap. Le ministre du Travail s’est engagé à transcrire fidèlement l’accord mais les parlementaires ne veulent pas se transformer en « greffiers » des partenaires sociaux. Ils ont tort. La crédibilité du processus repose sur la capacité à ne pas réinterpréter ce fragile équilibre. Le respect du dialogue social exige de l’humilité de la part du législateur. Quand les organisations d’employeurs et de salariés interviennent dans le champ de la démocratie sociale, le politique ne peut avoir raison contre elles, sauf à les affaiblir. La tentation sera grande d’« améliorer » l’accord. Ce faisant, on s’exposerait à des risques bien pires : déresponsabiliser les corps intermédiaires, voter des textes in cantatoires mais non appliqués. Bref, ralentir le changement alors qu’on pense le promouvoir. Mieux vaut un accord imparfait qu’une loi imposée. Cet accord n’est qu’un premier pas : une déclinaison se fera dans les branches en fonction des rapports de force, et c’est bien cette dynamique-là qu’il faut encourager.
L’Afpa a frôlé le précipice mais semble bien partie pour se reconstruire sur des bases clarifiées. Les engagements pris par le Premier ministre devraient pouvoir rassurer les banques, les clients (Régions et en treprises) et bien sûr ses salariés. Beaucoup reste à faire, mais le « patrimoine » que représente l’association dans le champ de la formation qualifiante des salariés les plus fragiles reste bien vivant. Qui aurait compris qu’au moment où la mobilisation pour l’emploi se renforce on se prive d’un outil aussi emblématique ? Parions sur la rigueur de gestion, sur l’innovation pédagogique et organisationnelle, sur la proximité, la qualité et l’adaptation de l’offre et on retrouvera un outil performant et surtout à forte valeur ajoutée sociale.
Dans le courant du mois de février sera décidé quel grand sujet de société sera labellisé « grande cause nationale » de l’année 2013. Soixante et une associations se sont regroupées derrière l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme pour promouvoir ce combat. C’est le bon moment. Une récente étude de l’Insee montre que ce fléau est en baisse (7 % en 2011, soit 2,5 millions de personnes, contre 11 % en 2004). Mais c’est encore trop. Il est grand temps d’accélérer le mouvement.