Force ouvrière fait-elle cavalier seul ? Une question maintes fois posée, que relance l’annonce d’un grand meeting le 24 janvier à Paris. « Quand il faut une unité d’action sur certains sujets, on le fait. Les syndicats n’ont pas besoin d’être dans l’intersyndicalisme permanent », rétorque Michelle Biaggi, secrétaire confédérale. De la part de FO, ce n’est pas une première : la confédération a toujours organisé ses propres défilés le 1er mai, y compris au printemps dernier, alors que les syndicats étaient vivement attaqués par l’UMP et son président candidat. « C’est la culture de FO de travailler individuellement », rappelle Rémi Bourguignon, directeur du master RH et RSE à l’IAE de Paris.
Alors que la CGT et la CFDT occupent le devant de la scène avec le renouvellement de leurs leaders, la centrale, qui a repoussé à janvier 2015 son propre congrès et le renouvellement (ou le maintien) de son secrétaire général, souhaite montrer qu’elle est toujours présente et revenir sur des dossiers de fond. « C’était une demande de nos camarades, justifie Michelle Biaggi. On souhaite réaffirmer nos revendications et mobiliser notre base. » Ce meeting s’inscrit dans un processus de « résistance contre l’austérité », avec, au programme, les thèmes chers à la centrale : salaires, pouvoir d’achat, conditions de travail et chômage. FO en profitera pour passer en revue la politique gouvernementale. Les grands sujets comme Florange ou le pacte de compétitivité devraient aussi être abordés. « Une partie des sympathisants s’est tournée vers le Front national, en signe de rejet de la politique européenne et du système actuel. Jean-Claude Mailly n’a pas le choix : il doit être dans la contestation, même avec un gouvernement de gauche », ajoute Rémi Bourguignon. Sur le meeting de janvier, Michelle Biaggi avance avec prudence : « Son éventuel succès peut appeler d’autres actions. »