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Tableau de bord

Faut-il faire davantage contribuer les retraités ?

Tableau de bord | publié le : 03.12.2012 | Pierre-David Labani

Henri Sterdyniak Directeur du département économie de la mondialisation à l’OFCE

Le niveau de vie des retraités est actuellement le même que celui des actifs. En même temps, les réfor mes en cours diminuent progressivement le niveau des retraites : la baisse devrait atteindre 18 % d’ici à 2050. Les retraités ne bénéficient plus de gains de pouvoir d’achat. Ils doivent prendre leur part des hausses de cotisations. Mais rien ne justifierait que ce soit spécifiquement sur eux que pèse la réforme du financement de la protection sociale. Il faut maintenir la parité de niveau de vie entre les actifs et les retraités.

La montée en puissance de la CSG s’est effectuée à leur détriment. Elle n’est pas tout à fait achevée ; les retraités imposables paient 6,6 %, contre 7,5 % pour les actifs. Mais ils supportent une cotisation de 1 % sur leur retraite complémentaire et surtout doivent souscrire une coûteuse complémentaire santé (en moyenne 6 % de leur pension). Cette année, les retraités se voient imposer une contribution pour la dépendance. Ils aimeraient qu’en échange des gains de pouvoir d’achat leur soient accordés quand l’économie repartira ; que, l’année prochaine, la grande réforme des retraites garantisse l’avenir et le niveau des retraites publiques.

Jacques Bichot Professeur émérite à l’université Lyon 3

Le poids que les retraités font peser sur les actifs, en France, est déjà excessif : un quart de leur rémunération totale (le salaire superbrut). Il serait donc injuste et maladroit de faire payer aux travailleurs, en sus des pensions et de l’assurance maladie des personnes âgées, la prise en charge de leur dépendance : il faut redéployer ce qui est globalement alloué aux retraités.

Instituer un prélèvement supplémentaire est en soi inutile : il serait plus simple de réduire la pension (sauf les plus modestes) tant que le retraité est ingambe, et de l’augmenter quand il a besoin d’aide pour les actes de la vie courante. Mais il faut compter avec la préférence française pour la complication ! Cette manie a provoqué la création inutile d’une caisse nationale supplémentaire, la CNSA, et d’une rocambolesque cotisation de solidarité pour l’autonomie liée à la suppression d’un jour férié, ainsi que l’implication coûteuse et peu efficace des départements dans l’attribution de l’allocation personnalisée d’autonomie ; elle exclut, hélas, cette solution de bon sens. Dès lors, la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie sur les pensions des retraités imposables est un second best.

Bruno Palier Politologue, chargé de recherche au Cevipof

Il y a cinquante ans, les enfants prenaient leurs parents âgés en charge. Ce n’est plus le cas. Les générations qui partent à la retraite depuis le milieu des années 90 ont profité d’une croissance forte et d’un taux de chômage bas lors qu’ils sont entrés sur le marché du travail. Le Conseil d’orientation des retraites montre que les retraités d’aujourd’hui bénéficient d’un niveau de vie équivalent (même supérieur si l’on ajoute le patrimoine) à celui des actifs. Ce sont parmi les enfants et les jeunes que l’on trouve le plus de pauvres.

Pourtant, les retraités jouissent de disposi tions fiscales plus fa vorables que celles des actifs, dispositions qui ont été décidées du temps où les retraités étaient beaucoup plus pauvres que les actifs. Ne faut-il pas remettre les pendules à l’heure et aligner le régime fiscal des retraités sur celui des actifs, pour ce qui concerne les taux de CSG, mais aussi les cotisations maladie ? Et pourquoi continuer de faire bénéficier les retraites d’un abattement fiscal pour frais professionnels ? La justice veut que les retraités contribuent à la hauteur de leurs moyens présents, et non en fonction du niveau de revenus de leurs prédécesseurs, bien plus pauvres dans les années 60.

Pour en savoir plus

Montant des pensions de retraite et taux de remplacement.

www.drees.sante.gouv.fr/montant-des-pensions–de-retraite-et-taux-de-remplacement,11046.html.

État des lieux du financement de la protection sociale en France.

www.securite-sociale.fr/IMG/pdf/ rapport_hcfi.pdf.

Rapport à la Commission des comptes de la Sécurité sociale.

www.securite-sociale.fr/IMG/pdf/ rapport_ccss_10-2012.pdf.

Programmes de qualité et d’efficience « retraite ».

www.securite-sociale.fr/Les-programmes-de-qualite-et-d-efficience-Retraite,2596.

Auteur

  • Pierre-David Labani