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Le député honni des bistrotiers

Actu | Eux | publié le : 03.12.2012 | Emmanuelle Souffi

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Le député honni des bistrotiers

Crédit photo Emmanuelle Souffi

Papa s’est disputé avec McDo ! » « Pas grave, on ira chez Quick ! » Si ses jumelles de 5 ans ont le sens de l’humour, les restaurateurs s’étranglent encore. Avec son rapport au vitriol sur la baisse de la TVA dans le secteur, Thomas Thévenoud a fait fort. Pour le député de Saône-et-Loire, cette promesse de Nicolas Sarkozy en 2007 est un cadeau fiscal. « Quand ça coûte 3milliards d’euros par an à l’État, il est quand même normal de s’interroger sur les contreparties. Qu’est-ce qui se casse la gueule depuis dix ans ? Le tissu industriel, pas la restauration, qui est une activité non délocalisable », tempête ce Dijonnais de 38 ans.

Il est comme ça, Thomas Thévenoud. Pour dénoncer cette « hérésie économique », il a bossé dur. Mené des auditions avec des restaurateurs parisiens et de sa région, des fédérations patronales, des syndicats. Aujourd’hui, quand il pousse la porte d’un bistrot, il est désigné par le patron comme celui qui va priver les salariés de leur boulot. Selon ce franc-tireur, les créations d’emplois ont été trois fois moins importantes que prévu, les restaurateurs ayant surtout veillé à reconstituer leur marge. Sur les 40 000 postes prévus par le contrat d’avenir signé entre les partenaires sociaux en 2009, 6 504 seraient dus au passage de la TVA à 5,5 %. Soit « une subvention de plus de 153 000 euros par emploi ! » écrit-il.

Même s’il a contribué à relancer le dialogue social dans la branche, à revaloriser la grille de salaires, à instaurer une mutuelle et une prime, le prix du repas n’a pas beaucoup diminué. « La baisse théorique aurait dû être de 9,7 %. En ré alité, les prix n’ont chuté que de 2,2 à 2,5 % », note cet ancien professeur à Sciences po. Plus David que Goliath, il s’attaque d’abord aux géants du secteur pour mieux défendre le petit routier de bord de nationale. Dans sa ligne de mire, McDo. Ce matin du 31 octobre, il est dans le TGV quand il déplie le Figaro. Son nom s’affiche en pleine page, harangué par le roi du hamburger qui s’offre une tribune dans les quotidiens nationaux pour donner sa version des faits.

Du fact checking qui l’a meurtri. « Il ne s’attendait pas à une telle stigmatisation », souligne Karine Berger, députée (PS) des Hautes-Alpes, sa « copine » à l’Assemblée. En conférence de presse, professionnels et syndicats s’affichent pour vilipender « un jeune député qui veut se faire un nom ». En séance publique, l’opposition réclame sa démission. Le club des trentenaires – Guillaume Bachelay, Olivier Faure… – monte au front. Arnaud Montebourg aussi. Le visage du député au look de jeune premier fait le tour des rédactions. Ce fils de pharmacienne et d’éducateur jubile. Comme il a le verbe clair, il plaît. « Il a une facilité oratoire pas courante pour un député débutant, il aime parler et il parle bien », estime Karine Berger. Même pour un bon orateur, l’Hémicycle reste un lieu à part. « On ne vous écoute pas ! Dans un meeting, vous pouvez toujours attraper le regard de la mamie du troisième rang ! » Pour éviter d’être déconnecté, il s’est promis de passer au moins une fois l’an dans les 140 communes de sa circonscription. Les samedis et lundis, il rencontre tout le monde. Les discussions vont du clocher à refaire au mariage gay en passant par la suppression de l’exonération sur les heures supplémentaires. « Là, j’ai plus de mal à répondre… », avoue-t-il.

Un côté terroir qui n’est pas étranger à sa victoire dans la seule circonscription du département ayant voté à droite le 6 mai. « Notre rôle n’est pas seulement de produire des lois au kilomètre, d’être un godillot qui lève le doigt en séance, mais de contrôler l’application des textes », prévient ce fabiusien. Parfait imitateur d’Arnaud Montebourg, il risque d’en faire rire jaune encore plus d’un !

THOMAS THÉVENOUD

Député de Saône-et-Loire, membre de la commission des Finances.

2001-2011

Conseiller municipal (PS) à Montceau– les-Mines.

2000-2002

Conseiller technique au cabinet de Laurent Fabius (ministre des Finances).

Juin 2012

Élu député.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi