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Idées

Pièges et bienfaits de l’évaluation

Idées | Bloc-notes | publié le : 02.11.2012 | Rose-Marie Van Lerberghe

DES ARBITRAGES AU PLUS PRÈS DU TERRAIN

Dans le budget 2013, on a beaucoup commenté la proportion entre hausse d’impôts et économies. Deux autres questions se posent : quel mode d’emploi pour ces économies ? Et comment ?

Faute d’une réponse claire à ces questions, il est fort probable de voir se dégrader un peu plus la situation matérielle des administrations et services publics, où la pingrerie côtoie la gabegie. Le danger, c’est « la biscotte de moins sur le plateau du malade ». La révision générale des politiques publiques avait une ambition plus structurelle. Dans son application, elle a eu un défaut majeur, celui de ne pas associer les acteurs, prenant ainsi le risque non seulement de la brutalité, mais aussi parfois de l’inefficacité. On a appris dans les entreprises de services que les véritables efforts de productivité se font au travers de la remise à plat des organisations et des processus, en associant les acteurs. On sait aussi que c’est au plus près du terrain que peuvent se faire les arbitrages intelligents dans l’utilisation des ressources. Cette démarche repose sur deux notions essentielles qui ont beaucoup de mal à pénétrer les différentes fonctions publiques : la délégation et l’évaluation.

LE SPECTRE DE L’ÉVALUATION INDIVIDUELLE

Tout se passe comme s’il fallait à tout prix protéger le fonctionnaire de l’arbitraire de son supérieur hiérarchique qui serait, par définition, ou incompétent ou injuste, quand ce n’est pas les deux à la fois. Il en résulte deux conséquences : ou des voies de recours qui édulcorent les appréciations ou bien des indicateurs chiffrés qui ne tiennent pas compte du contexte et qui aboutissent à cette « dictature du chiffre » justement critiquée.

La « grande concertation sur l’Éducation nationale » en a fourni un exemple éclatant. Une fois acquis le rejet de l’évaluation par le chef d’établissement, toute la discussion a porté sur l’impossibilité de trouver les indicateurs pertinents. On sait pourtant dans les établissements scolaires quels sont les mauvais professeurs : ceux qui n’ont aucun enfant de collègues dans leur classe ! À l’hôpital, de la même façon, le refus de l’évaluation conduit à une véritable inégalité dans l’accès aux soins : celle de l’information.

BESOIN DE RECONNAISSANCE

On sait, dans les entreprises, qu’il ne faut surtout pas abolir le jugement mais, au contraire, le former ; qu’on ne peut totalement effacer la subjectivité, mais qu’on peut la réduire par des formations et des exercices appropriés. On sait surtout que l’évaluation individuelle, loin d’être une sanction, peut être un outil remarquable de motivation. On regrettera que, dans les fonctions publiques, s’expriment à la fois un fort besoin de reconnaissance et tant de suspicion à l’égard de l’évaluation. La participation des fonctionnaires, à tous les niveaux, à l’effort d’économie et d’efficience suppose une délégation claire aux responsables et une évaluation plus sincère. Faute de quoi les économies accroîtront encore un peu plus la morosité et le découragement des fonctionnaires.

Auteur

  • Rose-Marie Van Lerberghe