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Enquête

La course à l’automatisation

Enquête | publié le : 02.11.2012 | Anne-Cécile Geoffroy

Pour gagner en productivité, les enseignes automatisent toujours plus les tâches sans anticiper l’impact sur la transformation des métiers.

Scannette en main, Anne « bipe » les codes-barres des produits avant de les déposer dans son Caddie. Plus besoin de décharger son chariot. Elle paie ses achats à la borne et zappe le passage en caisse. Cécile, c’est le drive qu’elle préfère. Le vendredi soir, elle fait ses courses sur le Net. Elle les récupère le lendemain, et en dix minutes la corvée de la semaine est bouclée. Demain, le consommateur pourra payer ses courses grâce à son smartphone ou acheter son téléviseur sur un mur de commandes tactile. La folie de l’automatisation a gagné toutes les enseignes en moins de trois ans.

« Avec ces nouvelles technologies, plus de problème de remplacement de salariés malades ni de charges sociales », pointe Dejan Terglav, secrétaire fédéral FGTA FO. La prochaine étape s’annonce plus radicale. « La puce RFID permettra de suivre en temps réel la réception des marchandises ou l’inventaire. C’est la fin des magasins fermés pour cause d’inventaire », note Dany Vyt, spécialiste du géomarketing dans la distribution à l’université Rennes 1. Toutefois, « à 10 centimes d’euro pièce, elle est encore trop chère et sa lecture n’est pas fiable à 100 % », explique Olivier Dauvers, consultant. Casino et Système U l’expérimentent dans quelques magasins. Dans les entrepôts, c’est la commande vocale qui s’impose. « La direction appelle ça la voice, indique Pascal Petit, délégué syndical central CGT chez ITM LAI. Elle espère gagner 3 à 5 % de productivité avec ce système qui isole les employés. Toute la journée, casque sur la tête, les préparateurs de commandes suivent les instructions dictées par un serveur vocal pour aller chercher les produits aux quatre coins de l’entrepôt. »

Manque d’anticipation. Les conséquences sociales de cette automatisation à la hussarde se dévoilent petit à petit. Caissières, vendeurs d’électroménager, vigiles voient leurs métiers se transformer ou disparaître. « Ces systèmes ont contribué à supprimer les caisses “moins de 10 articles”. Celles où on pouvait reclasser les salariés victimes de maladies professionnelles, constate Pascal Saeyvoet, délégué syndical central (DSC) FO Auchan. Aux caisses automatiques, les hôtesses sont debout toute la journée et jouent les agents de sécurité. » Pour sécuriser l’emploi de leurs salariés, les enseignes n’ont pas anticipé. « Les filles ont appris sur le tas, sans formation », raconte Anne-Marie Coat, DSC CFDT chez Casino, l’une des rares enseignes (avec Carrefour et Auchan) à avoir signé un accord de GPEC. Amadou Ba a travaillé plus de trois ans dans un Intermarché pour sa thèse sur l’automatisation. « Les RH sont là pour conscientiser le directeur du magasin sur les obligations légales et effectuer la paie. Pas pour accompagner le changement en préparant les compétences. » La FCD a bien signé en 2008 avec les syndicats un accord de GPEC. Mais, depuis, rien n’a été actualisé alors que de nouveaux métiers ont vu le jour avec l’explosion des drives. Il faut dire que la dernière négociation sur les classifications remonte à… sept ans !

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy