DRH de La Banque postale et des services financiers de La Poste depuis 2008, Sylvie François se voit bombardée directrice générale adjointe chargée des ressources humaines de La Poste. Elle succède à Foucauld Lestienne, qui fait sans doute les frais de la crise sociale révélée au début de l’année par le suicide de deux cadres.

Elle a, sur son prédécesseur, un avantage de poids : en tant que directrice générale adjointe, Sylvie François siégera au comité exécutif de La Poste. « Foucauld Lestienne n’a pas démérité, commente Alain Barrault, secrétaire national de la F3C (Fédération communication, conseil, culture) de la CFDT. Tout ce qu’on pouvait lui reprocher, c’était le manque de crédibilité de sa fonction : placé sous l’autorité de Georges Lefebvre (NDLR : ex-directeur général, désormais relégué au rang de délégué général), phagocyté par les directeurs « métiers », il n’avait pas vraiment de pouvoir de décision. » « La stratégie d’ultra-“métiérisation” de La Poste, avec quatre directions métiers toutes-puissantes, l’a privé de toute marge de manœuvre », confirme Jean-François Aussel, responsable du secteur postes à la fédération FO Communication.

En nommant Sylvie François à ce poste, Jean-Paul Bailly, président de La Poste, fait d’une pierre deux coups : il féminise des instances dirigeantes encore trop cravatées et renforce la fonction RH. À la demande des syndicats, certes. Mais cela pourrait bien ne pas suffire à assurer la paix sociale : « Le mal-être des salariés est réel et profond, avec une véritable défiance à l’égard de la direction », prévient Jean-François Aussel. « À France Télécom, la crise a été soldée par un grand ménage à la tête de l’entreprise », ajoute Bernard Dupin, administrateur CGT à La Poste. « Tout ce qu’on voit, c’est qu’il n’y a aucun changement », assène Nicolas Galepides, secrétaire fédéral de SUD PTT, qui aurait préféré que toutes les têtes valsent… à commencer par celle de Sylvie François, « adepte du diviser pour mieux régner, avec sa manie de pri vilégier les négociations bi latérales ». La nouvelle DRH n’aura guère le temps de ter giverser sur la méthode : elle a annoncé vouloir mener de front les huit chantiers ouverts par la commission du « grand dialogue », présidée par Jean Kaspar, qui a remis son rapport le 11 septembre. « Il sera difficile d’obtenir un accord global avec huit syndicats autour de la table, commente Alain Barrault. Mais nous sommes tous d’accord pour considérer que deux chantiers sont prioritaires : “organisations du travail et conduite du changement” et “santé et sécurité au travail”. »

En matière de négociation collective, Sylvie François ne manque pas d’expérience : elle a finalisé 22 accords nationaux durant ses quatre années à la DRH de La Banque postale et s’est appuyée sur un « dialogue social actif » pour accompagner la transformation du CCF, devenu HSBC France, durant les onze ans qu’elle a passés à la DRH (de 1997 à 2008). Dans la négociation, elle a la réputation d’être rigoureuse et ferme : « Elle sait où elle veut aller, commente Jean-François Aussel. Quand elle se fixe des limites, elle s’y tient. » Cette longue carrière dans les RH n’a pourtant été qu’une reconversion pour cette énarque de la promotion Voltaire qui a débuté dans les cabinets ministériels, auprès de Pierre Bérégovoy et de Michel Rocard. Le retour de la gau che au pouvoir pourrait donner un coup d’accélérateur à sa carrière : si Sylvie François fait ses preuves, certains la voient déjà succéder à Jean-Paul Bailly, dont le mandat a été renouvelé en 2011, malgré ses 65 ans révolus. « Une femme à la tête d’une grande entreprise, ça aurait de la gueule », prédit un observateur. Mais les prétendants seront légion.

Directrice générale adjointe de La Poste, chargée des ressources humaines.

1993-1997

Sous-directrice puis directrice des formations au ministère de l’Éducation nationale.

2000

DRH du CCF.

2008

DRH de La Banque postale.