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Éditorial

L’heure de vérité pour les syndicats et l’exécutif

Éditorial | publié le : 03.10.2012 | Jean-Paul Coulange

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L’heure de vérité pour les syndicats et l’exécutif

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Il se dégage de cette rentrée un sentiment de déjà-vu. Comme en 2007, au commencement du quinquennat de Nicolas Sarkozy, les partenaires sociaux s’apprêtent à négocier un accord visant à améliorer le fonctionnement du marché du travail. Il y a cinq ans, les discussions avaient duré quatre mois – c’est le délai que se sont fixé cette année les deux parties en présence – pour déboucher sur l’ANI du 11 janvier 2008, paraphé par la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC et Force ouvrière. Un vrai donnant-donnant, patronat et syndicats s’accordant sur un nouveau mode de rupture à l’amiable du contrat de travail, l’allongement des périodes d’essai ou encore la création d’un CDD à objet défini. Côté sécurisation, l’accord instaurait une portabilité des droits à la formation, à la complémentaire santé ou à la prévoyance.

Si le scénario de 2012 n’est pas identique à celui de 2007, c’est parce qu’à l’époque la crise n’avait pas encore frappé. Deux chocs financiers plus tard, c’est dans un tout autre décor que les partenaires sociaux vont se retrouver autour de la table de négociations. Leur responsabilité est écrasante et le champ de leurs discussions, non moins gigantesque : encadrement des accords de compétitivité-emploi, sécurisation des licenciements collectifs, limitation des CDD, de l’intérim ou des stages, renforcement de la gestion prévisionnelle des emplois par une meilleure association des institutions représentatives du personnel… On a du mal à imaginer qu’un dessein aussi ambitieux puisse se concrétiser, la CGT et FO ayant prévenu qu’elles n’apposeraient pas leur signature au bas d’un document qui donnerait davantage de souplesse aux employeurs.

De là à penser que le législateur sera contraint de reprendre la main, en début d’année prochaine, il n’y a qu’un pas, certaines conditions n’étant pas réunies pour un tel compromis : guerre de succession à la CGT et changement de leader à la CFDT sur fond de désamour entre les deux confédérations et de désunion entre les cinq organisations représentatives, sans oublier l’élection au Medef, en 2013, qui peut troubler le camp patronal, déjà divisé en 2007.

Dans ce contexte, c’est beaucoup demander aux partenaires sociaux que de conclure un pacte en quatre mois. En tout cas, la pression politique est forte et n’est pas sans rappeler celle qu’exerçait Nicolas Sarkozy. Mais l’heure de vérité a également sonné pour l’exécutif, avec le budget 2013 et les arbitrages entre réduction des dépenses publiques et recours accru à la fiscalité. En attendant d’autres décisions majeures sur le financement de la protection sociale. Si l’enjeu est celui du rétablissement de la compétitivité française, alors la négociation sur le marché du travail n’en est qu’une étape. À trop regarder du côté de l’avenue Bosquet, au Medef, où seront réunis tous les jeudis les partenaires sociaux, on en oublierait presque que le dénouement de la pièce se joue aussi à l’Élysée et à Matignon.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange