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Nancy, côté social

Dix figures nancéiennes du social et de l’emploi

Nancy, côté social | Métropoles | publié le : 03.09.2012 |

Ils sont chefs d’entreprise, syndicalistes, avocats, universitaires ou élus et façonnent la culture sociale du Grand Nancy.

DOMINIQUE VAN KEIRSBILCK, DIRECTRICE DE LA MAISON DE L’EMPLOI

L’anticipatrice

Dès sa création, en 2005, nous avons voulu que la maison de l’emploi (MDE) du Grand Nancy soit partenariale », souligne Dominique Van Keirsbilck, sa directrice. Elle regroupe en effet la mission locale, le plan local pour l’insertion et l’emploi, une agence de Pôle emploi et l’École de la deuxième chance. « Nous sommes allés aussi loin que possible dans la fusion entre la MDE et la mission locale en créant une unité économique et sociale », poursuit Laurent Hénart, adjoint au maire de Nancy et président de la MDE. Avec son équipe de 65 personnes, Dominique Van Keirsbilck travaille autour de quatre axes : un diagnostic partagé par les acteurs du développement économique et de l’emploi, la mise en place d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriale, un programme d’aide aux entreprises et aux artisans pour développer l’emploi et, enfin, une mission de cohésion sociale et de lutte contre les discriminations à l’embauche. « Si nous n’anticipons pas les besoins des entreprises, nous ne pourrons pas combattre les délocalisations », juge cette psychosociologue qui a fait toute sa carrière dans la formation et l’insertion. S. G.

DENIS HASSLER, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA CFDT 54 ET SECRÉTAIRE RéGIONAL DE LA CFDT LORRAINE

Pour un dialogue social territorial

La conférence départementale des acteurs économiques et sociaux, c’est notre bébé. Nous l’avons voulue, en 2007, sur le modèle du conseil économique et social régional, car il n’y avait aucune instance de dialogue civil à l’échelon départemental », explique Denis Hassler. Ce postier de Lunéville, élu secrétaire général de la CFDT 54 en 2008, plaide pour un véritable dialogue social territorial : « La Lorraine ne peut rester nostalgique de son passé industriel. Il faut intégrer l’idée que les intérêts des salariés sont liés au développement de leur entreprise et de son environnement. Donc de leur territoire. » Une vision à rebours de notre culture jacobine des relations sociales, dont Denis Hassler pointe les limites : « Prenons le cas du contrat de sécurisation professionnelle. C’est un dispositif national dont le déploiement est porté par des comités de pilotage locaux… où il ne se passe rien ! Si l’on était vraiment partis des besoins des territoires, avec un cahier des charges national et des appels à projets locaux, on n’en serait pas là ! » S. G.

ANDRÉ BONAL, PRÉSIDENT DU MEDEF 54 ET DE L’UIMM

Sidérurgie nostalgie

Devenu chef d’entreprise « par raccroc » en 1988, après avoir repris Gouvy, l’usine d’outils de jardinage dont il était directeur administratif et financier, André Bonal a acquis au fil des années un premier rôle sur la scène patronale de Lorraine, avec sa double casquette de président du Medef et de l’UIMM de Meurthe-et-Moselle et ses nombreux mandats à l’Association pour l’apprentissage en Lorraine (Apalor), l’Association pour l’assistance des organisations professionnelles (AAOP), au conseil économique et social de Lorraine…

Peinant à masquer sa nostalgie pour le passé industriel des vallées de Meurthe-et-Moselle, cet homme de 69 ans aime à vanter les reconversions réussies. À commencer par celles du plateau de Pompey, où il a débuté. « En 1968, les Aciéries de Pompey employaient 5 000 personnes. Vingt ans plus tard, plus rien : le monstre de fer a fermé en 1986. Aujourd’hui, le plateau compte plus d’emplois qu’à la belle époque. Mais des emplois plus diversifiés. » André Bonal en est convaincu, « l’industrie a encore de l’avenir. À condition qu’elle revisite ses activités et qu’elle se diversifie ». S. G.

PHILIPPE SESSIECQ, ENSEIGNANT CHERCHEUR ET CHARGÉ DE MISSION ÉGALITÉ DES CHANCES À L’ÉCOLE DES MINES DE NANCY

Premier de cordée

Tout juste installé sur le site d’Artem (art, technologie, management), nouveau campus réunissant trois spécialités peu habituées à se côtoyer – les beaux-arts (Ensan), le management (ICN Business School) et les Mines (ENSMN) –, Philippe Sessiecq n’a jamais oublié qu’enfant c’est la visite d’un atelier qui lui a donné le goût de la science. Les 28 et 29 novembre, ce docteur en génie des procédés organisera les premières Assises des Cordées de la réussite : un label créé en 2008 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour promouvoir l’égalité des chances et l’accès de tous aux filières d’excellence. Un dispositif qu’il développe depuis 2010 à Nancy. Avec succès : « Sur les 324 Cordées de France, nous sommes l’une des plus actives, avec plus de 1 200 collégiens et lycéens touchés par nos actions visant à aiguiser leur curiosité et leur faire découvrir nos disciplines et nos écoles. » S. G.

FRANÇOIS PÉLISSIER, PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE

Un patron hyperactif

Il déboule dans la pièce comme une fusée, saute d’une idée à l’autre : François Pélissier ne tient pas en place. Président fondateur d’Ecologgia, une entreprise de construction écologique de 125 salariés, il a été élu président de la chambre de commerce et d’industrie de Meurthe-et-Moselle en 2011. Et n’a pas l’intention d’y faire de la figuration. « À l’automne, nous lançons une offre qui va surprendre et déranger. » La CCI 54 investit le créneau de l’emploi, « préempté par les secteurs public et associatif », en proposant cinq services aux entreprises sous le label CCI Emploi : offres d’emploi, intégration des travailleurs handicapés, insertion, groupement d’employeurs et bourses de stages. Fustigeant l’éparpillement des moyens, « avec 2 000 organismes de formation, 400 structures d’aide aux entreprises et 900 opérateurs de promotion touristique rien qu’en Lorraine », il veut être « efficace ». Adjoint au maire de Nancy de 1995 à 2008, vice-président du Grand Nancy de 2001 à 2008, il a également créé Allumeurs d’étoiles, une fondation soutenant les jeunes adultes en difficulté. S. G.

CLAUDINE GUIDAT, PREMIÈRE ADJOINTE AU MAIRE DE NANCY

L’innovation dans la peau

Designer, entrepreneur et maire de Nancy à la Libération, Jean Prouvé est une excellente tête de gondole pour la ville ! », sourit Claudine Guidat, première adjointe au maire de Nancy. Venue à la politique par hasard, en 2001, cette docteure en génie mécanique a, notamment, créé et dirigé l’École nationale supérieure en génie des systèmes industriels (ENSGSI).

Elle veut aujourd’hui faire de Nancy une « ville créative » en s’inspirant du modèle de Montréal, « qui a su modéliser les déterminants d’attraction des créatifs dans tous les domaines : artistique, scientifique, entrepreneurial… ».

À ses yeux, Nancy a tous les atouts, avec son pôle universitaire et de recherche, les 20 % du budget municipal investis depuis des années dans la culture et une certaine légitimité historique : « La Lorraine a fait la preuve de sa capacité à surmonter les épreuves et à rebondir. »

La création de l’Université de Lorraine doit être le moteur de la transformation. « Il ne suffit plus d’avoir des ressources foncières pour attirer les entreprises, martèle Claudine Guidat. Il faut aussi être capable de leur proposer une certaine qualité de vie ainsi que les ressources humaines et technologiques dont elles ont besoin. » S. G.

SYLVIE PETIOT, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE LAGARDE ET MEREGNANI

La sentinelle du bâtiment

Directrice générale de Lagarde et Meregnani, entreprise de peinture de 250 salariés basée à Maxéville, Sylvie Petiot préside depuis juin la Fédération française du bâtiment Lorraine, après avoir assuré la présidence de la section départementale de Meurthe-et-Moselle de 1997 à 2003. La dirigeante, qui représente aussi le bâtiment au conseil économique, social et environnemental de Lorraine depuis dix ans, entend défendre les professionnels lorrains face à des concurrents européens et autoentrepreneurs. « Je compte aller à la rencontre de nos nouveaux élus pour leur présenter les enjeux d’un secteur souvent décrié alors même que la crise s’éternise et que nous avons grand besoin d’un plan de relance », estime Sylvie Petiot. Militante de longue date de l’entreprise citoyenne, elle s’inquiète pour les apprentis qui risquent de ne pas trouver d’emploi. En matière de transmission, Lagarde et Meregnani fait figure de modèle. L’entreprise est dirigée depuis près d’un siècle par d’anciens salariés devenus patrons. Sylvie et Serge Petiot ne dérogeront pas à la règle et passeront le relais à quatre cadres en 2014 dans un projet de reprise longuement préparée. P. B.

PATRICE ADAM, ENSEIGNANT EN DROIT PRIVÉ À L’UNIVERSITÉ DE NANCY ET AVOCAT

Expert ès RPS

Maître de conférences en droit privé à l’Université de Lorraine et directeur du Centre d’études et de formation syndicale de l’Institut régional du travail, Patrice Adam s’est imposé comme le spécialiste des risques psychosociaux et du harcèlement moral. Il effectue la moitié de son service avec des étudiants en droit, l’autre devant un public de représentants syndicaux. « Depuis quinze ans, je forme et j’accompagne des syndicats avec, de plus en plus souvent, la frustration de ne pas aller au bout d’une affaire, de ne pas peser sur une décision. » En janvier, il a donc franchi le Rubicon en endossant la robe d’avocat au sein du cabinet nancéien Filor. « Cette activité enrichit ma réflexion d’enseignant et de chercheur. Notamment dans les affaires de harcèlement moral, où les stratégies judiciaires peuvent être décisives. » Il vient d’en faire l’expérience : dans une affaire qu’il plaide devant le conseil de prud’hommes d’Épinal, la partie adverse a posé, en mai, une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Pour autant, le Conseil constitutionnel ne censurera pas, comme il l’a fait pour le harcèlement sexuel, la loi sur le harcèlement moral. La QPC n’est pas allée au-delà de la Cour de cassation. S. G.

MICHEL DINET, PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE MEURTHE-ET-MOSELLE

Le précurseur social

À64 ans, Michel Dinet, président du conseil général de Meurthe-et-Moselle et de l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée, n’a rien perdu de la fougue du jeune instituteur qui arriva dans les années 70 dans le village de verriers de Vannes-le-Châtel. « Je n’ai pas changé de méthode. Je crois à l’écoute, à l’entraide, à la prévention pour parvenir à vivre ensemble. Négliger l’insertion aujourd’hui revient à préparer les problèmes sociaux de demain », affirme l’élu socialiste, en politique depuis plus de quarante ans. Au début des années 2000, le président du conseil général a élaboré avec la démarche « travailler et transmettre en Meurthe-et-Moselle » une préfiguration de l’actuel contrat unique d’insertion. Inlassable partisan de la confrontation de l’utopie au réel, il consacre son second mandat à l’investissement social, passant son budget au peigne fin pour distinguer l’utilité de chaque mesure en termes de prévention ou de correction des problèmes. Rapporteur de la mission « prospective Lorraine 2020 » engagée par le conseil régional, Michel Dinet réaffirme ses convictions solidaires : « Si on laisse un seul territoire à l’écart, on passe à côté du développement régional. » P. B.

OLIVIER CALDERARA, ÉLU CGT AU CHSCT DE VEOLIA TRANSDEV

Le conducteur de batailles

Chauffeur de bus depuis 1999, élu CGT au CHSCT et représentant syndical au CE de Veolia Transdev, Olivier Calderara ne compte plus les conflits qui ont opposé les salariés à la société chargée des déplacements en bus et en tramway dans l’agglomération. Le 15 juin, la grève appelée par l’intersyndicale pour dénoncer la révision de certains accords a été suivie par 90 % des personnels. Mais c’est la question du temps d’habillage qui donne lieu depuis 2000 à un bras de fer homérique entre le leader cégétiste et la direction, qui refuse d’indemniser les chauffeurs obligés d’arriver au travail en tenue. Au terme de quatre actions intentées par les deux parties devant le TGI de Nancy, le conseil de prud’hommes, la cour d’appel et la Cour de cassation, l’affaire est portée devant la Cour européenne des droits de l’homme. « C’est la liberté d’aller et de venir dans la tenue de son choix qui est en cause dans ce dossier », estime ce conseiller prud’homal depuis 2009. P. B.