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Idées

Portrait de la nouvelle CFDT

Idées | Livres | publié le : 03.09.2012 | Jean Mercier

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Portrait de la nouvelle CFDT

Crédit photo Jean Mercier

Aujourd’hui, la CFDT est considérée comme la première confédération réformiste de France. Cet adjectif lui est accolé quasi automatiquement sans que cela choque grand monde, à l’extérieur comme à l’intérieur du syndicat.

Cette mue de l’ancienne icône de la pensée autogestionnaire, formation qui a le plus flirté avec le gauchisme soixante-huitard, fer de lance de la lutte contre « les dégâts du progrès » dans les années 70 et pro-35 heures dans les années 80, en une organisation soucieuse de concilier la défense des salariés avec un certain réalisme économique et un prisme non partisan constitue un des grands faits de l’histoire contemporaine. Ce choix historique du réformisme et de sa longue consolidation fournit la trame de cet essai.

Tout commence, selon Guy Groux, au début des années 60, à un moment où la centrale prend un virage vers une certaine radicalisation tout en cultivant trois traits qui favoriseront ses évolutions futures : sa laïcisation, sa volonté d’accompagner la modernisation de l’économie et sa conception presque utopiste de la démocratie. Mais en ce temps-là s’impose parallèlement la stratégie de l’union avec la CGT qui freinera ce renouveau doctrinal. Edmond Maire, le secrétaire général de l’époque, aura été le maître d’œuvre de la stratégie « réformiste », que conforteront ses successeurs. En 1988, la CFDT abandonne toute référence au socialisme et accepte le principe de l’économie de marché, elle fait du contrat et de la négociation deux moyens d’empêcher l’État d’empiéter sur le domaine réservé des partenaires sociaux. L’originalité du livre est d’associer à l’analyse sociologique et historique des études quantitatives menées sur le terrain. (C’est le cas par exemple de celle sur les motivations de l’engagement cédétiste.) Ces enquêtes permettent de dresser un portrait du militant cédétiste très libéral sur le plan culturel, méfiant à l’égard de la mondialisation, même s’il accepte le libéralisme économique, porteur de fortes aspirations égalitaires.

Une des plus longues parties du livre est consacrée à l’analyse des liens de la confédération avec le politique : le tropisme de gauche des adhérents est indéniable, mais ce trait est moins marqué pour les jeunes générations, celles qui sont nées dans les années 2000. En conclusion, Martine Barthélemy ose une question un peu iconoclaste : cette mutation réformiste n’a-t-elle pas été « trop réussie » ?

Le Réformisme assumé de la CFDT, Martine Barthélemy, Claude Dargent, Guy Groux et Henri Rey. Éditions Les Presses de Sciences po, coll. « Fait politique ». 278 pages, 20 euros.

Auteur

  • Jean Mercier