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Des cursus de plus en plus responsables

Dossier | publié le : 03.09.2012 | Anne-Cécile Geoffroy, Emmanuelle Souffi, Adeline Farge

Face aux écoles, l’université s’impose. Les programmes cultivent le côté humain de la fonction, se soucient de responsabilité sociale et s’internationalisent. Mais la sélection se tend.

Il en va de la formation comme de la mode. Obéir à des tendances, surfer sur le in pour mieux séduire, sentir quels seront les must have de demain… Dans le petit monde des diplômes pour adultes, pas question de rester sur le bord de la route. La concurrence est rude pour arriver en haut du podium, attirer les meilleurs candidats et surtout ceux qui ont les financements permettant de s’offrir des cursus de plus en plus coûteux et de moins en moins soutenus par les Opca, collecteurs des fonds de la formation.

Parce qu’il est toujours difficile de comparer des diplômes aux objectifs, cibles, contenus et modes de fonctionnement différents, nous avons retenu quatre critères, dont un sur l’ouverture internationale. C’est une nouveauté par rapport au dernier classement, car elle correspond à une forte demande d’entreprises et de salariés de plus en plus confrontés à la mondialisation des RH. Un cursus peut être très bon en raison de la qualité de son encadrement et moins quand il s’agit de la durée d’enseignement. Certains se caractérisent par un faible volume horaire – 256 heures à Sciences po Paris, 220 au Ciffop, contre 454 heures à l’Essec et 519 à Dauphine  –, ce qui, compte tenu de l’effort financier, peut paraître un peu mince. D’autres font preuve d’une relative ouverture sur le monde (IAE de Poitiers, Ciffop)… Le choix d’un cursus reste lié au projet professionnel du candidat, d’ailleurs épluché par les responsables pédagogiques lors de la sélection.

Souplesse et réactivité… Toutes les équipes cherchent à anticiper les changements qui caractériseront les RH de demain. Ces trois dernières années, face aux impératifs législatifs (santé et sécurité au travail, diversité…), la responsabilité sociale et environnementale s’est imposée comme un thème phare dans les amphis. Pas une formation qui ne lui fasse la part belle. L’ESC Toulouse a ainsi créé un module abordant les questions de santé et de diversité animé par un médecin inspecteur régional de la Direccte. À l’IAE de Rennes, ces problématiques sont traitées dès le master 1, alors qu’avant elles ne l’étaient qu’en deuxième année. Sciences po Paris a sacrifié son cours de politiques publiques au profit de la prévention des risques psychosociaux, de la qualité de la vie et de l’organisation du travail. Le réputé master en management des RH et de la responsabilité sociale des entreprises de l’IAE de Paris s’appuie sur les travaux de ses deux chaires de recherche en la matière pour renforcer le côté « humain » de la fonction. Des formations spécialisées, comme le master Management des organisations et développement durable de Montpellier 1, reçoivent de plus en plus de candidatures émanant de profils très variés à la recherche d’une pensée « différente ».

Des questions toujours évoquées en lien avec le business et la stratégie des entreprises, car un bon DRH est aussi un gestionnaire de coûts. Sur le terrain, l’équilibre n’est pas toujours simple à trouver, surtout en période de crise, mais la sensibilisation à ces questions nouvelles a le mérite d’exister sur les bancs de l’école.

Pour faire vivre leurs diplômes, les établissements s’appuient sur des comités de pilotage ou des conseils de perfectionnement mixant enseignants et professionnels chargés de relayer les attentes du terrain. De quoi alimenter les PowerPoint ! Que ce soit à la faculté ou à l’école, les relais avec le tissu économique concourent à l’évolution des contenus et même à la création de nouveaux diplômes. Le comité stratégique de l’IGS, qui comprend une vingtaine de directeurs généraux et de DRH, a ainsi plaidé pour l’ouverture d’un executive MBA international HR Management en novembre prochain : cinquante jours de cours en anglais répartis sur un an entre Paris, Genève et Montréal. Les entreprises sautant de plus en plus les frontières, le mastère spécialisé de l’ENS Cachan et d’Arts et métiers ParisTech a aussi ajouté un cours sur les relations sociales internationales. Et a même lancé voilà quatre ans une spécialisation compensation and benefits management qui ravit des dirigeants souvent peu formés aux systèmes de protection sociale et aux principes actuariels étrangers ! Deux cursus adaptés à des salariés en reconversion plus qu’à des juniors, ce qui explique leur absence, jusqu’à présent, dans le palmarès des formations initiales. La conduite du changement, si souvent délicate en interne, irrigue les programmes de HEC et de l’IGS, qui en font un enjeu stratégique.

Des fermetures de cursus en perspective. En trois ans, le panorama s’est donc élargi, quitte à frôler l’asphyxie. Face aux sureffectifs de la profession, certains prédisent à terme des fermetures de cursus, voire des volumes trop faibles pour maintenir un niveau de qualité suffisant. À côté des formations généralistes huppées destinées aux futurs membres de comex (HEC, Essec, Paris Dauphine, Arts et métiers/ENS Cachan, Sciences po Paris…) et financièrement coûteuses (entre 16 000 et 22 990 euros) gravite une pléthore de formations moins sélectes, parfois plus spécialisées, mais de très bonne facture.

Les IAE de Paris, Nancy, Lyon, Caen se sont distingués ces dernières années par leur professionnalisation et leur accessibilité grandissantes. À la rentrée prochaine, Caen ouvre ainsi son master de GRH en formation à distance. Pas de regroupement obligatoire, une plate-forme dédiée avec un service de chat, de visioconférence et un forum… De quoi faciliter la conciliation des temps d’apprentissage avec une activité professionnelle et séduire des entreprises au budget contraint, car ce type de formule affiche des tarifs plus attractifs. Au-delà de la pédagogie, côté candidats, la gestion des temps reste un critère de sélection important. Écoles et universités l’ont bien compris et rivalisent d’imagi nation pour proposer des cours groupés en fin de semaine, le samedi ou le soir (Cnam, IGS, Paris Dauphine), tout en cherchant à éviter les vacances scolaires pour préserver la vie de famille, mise à mal par ces formations au long cours.

La pratique du coïnvestissement se répand peu à peu, quitte à laisser sur le bas-côté de la route ceux qui n’ont ni travail ni financement. Nombreux sont les organismes qui écartent les dossiers de demandeurs d’emploi ou de salariés en reconversion, contribuant à réserver la formation à ceux qui en ont le moins besoin et à la transformer en moyen d’accélérer sa carrière plus que de se réinsérer. Or la crise suppose de réarmer les victimes qu’elle a pu faire… E. S.

Les 10 meilleures formations continues en gestion des ressources humaines

1 Arts et métiers ParisTech/ENS Cachan, mastère spécialisé GRH et mobilité internationale

2 Paris Dauphine, MBA Management des ressources humaines

3 IAE de Paris, master Management des ressources humaines et de la responsabilité

4 Cnam, master en gestion des ressources humaines

5 Essec, mastère spécialisé Management des ressources humaines

6 IGS, master Responsable en management et développement des ressources humaines

7 IAE de Lyon, master Management des ressources humaines et organisation

8 IAE de Nancy II, master Direction stratégique des ressources humaines et master Conseil et audit RH

9 Celsa, master Management des ressources humaines et diagnostic social

10 IGR-IAE de Rennes, master en gestion des ressources humaines

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy, Emmanuelle Souffi, Adeline Farge