Avec la Marine nationale, l’école de commerce confronte une vingtaine de futurs cadres dirigeants à des situations de crise. En mai, ils ont embarqué sur un navire militaire, de La Réunion à l’Afrique du Sud.
Quel rapport y a-t-il entre la gestion du rapatriement de 900 Français d’un pays en guerre et les conflits au travail ? A priori, aucun. Pourtant, l’Edhec a fait le rapprochement. Depuis deux ans, l’école de commerce propose un séminaire de management sous tension aux étudiants de l’advanced management programme (AMP) en partenariat avec la Marine nationale. Toute la promotion a embarqué courant mai pendant dix jours à bord d’un navire de guerre. L’an dernier, ils étaient sur le pont du Mistral avec les militaires, entre Djibouti et Le Caire. Leur mission ? Observer la discipline des officiers et se mettre dans leur peau, le temps de commandos fictifs. « Confronter les étudiants à des situations de prise de décision dans un univers qu’ils ne connaissent pas, décalé et clos, les aide à mieux se connaître. Certains s’aperçoivent qu’ils sont plus autonomes qu’ils ne le pensaient ; d’autres, qu’ils prennent finalement moins facilement le leadership », assure Jean-Louis Raynaud, directeur du programme AMP.
L’an dernier, Georgia Cadudal a dû gérer un affrontement scénarisé avec des narcotrafiquants. « À l’Edhec, on nous apprend le management de discussion. Dans ce type de situation, il faut aller vite, donner des ordres. On n’a pas le temps de demander aux gens ce qu’ils en pensent », témoigne la consultante d’Oméga TV. Pour autant, pas question d’appliquer les méthodes militaires en open space. « Les gradés ne managent pas, ils donnent des ordres. Mais ils nous ont appris une chose : anticiper. Pour diminuer la marge d’erreurs, ils prévoient tous les scénarios et disposent du procédé adéquat pour chacun », atteste Georgia Cadudal.
« Les cadres militaires sont tellement bien formés qu’ils sont toujours préparés à l’imprévu », confirme un camarade de promotion, Philippe Métais. Une compétence utile lorsqu’il faut gérer une équipe sous tension, en période de PSE notamment. La culture du débriefing de la Marine nationale l’a également marqué. « Les militaires capitalisent sur l’expérience. Ils reviennent sur chaque incident pour mieux y répondre », assure Philippe Métais. Après l’AMP, il a retrouvé son poste de directeur du service client d’Axa. « Dans mon travail, je suis régulièrement confronté à des réclamations et au mécontentement de clients. Depuis le séminaire, j’essaie de systématiser les retours sur expérience. Mon équipe et moi y gagnons beaucoup ! » Oui chef !
