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Nouveaux outils, nouveaux usages

Dossier | publié le : 04.06.2012 | Florence Puybareau

Avec des salariés souvent mieux équipés à la maison, l’utilisation de matériel personnel à des fins professionnelles se répand. Un processus aidé par l’essor du cloud computing. Et tout bénéfice pour l’entreprise.

Pas de mobilité professionnelle sans une kyrielle d’outils de plus en plus nombreux, de plus en plus sophistiqués mais aussi davantage accessibles. Apanage des dirigeants et des cadres supérieurs il y a peu, le même smartphone, qui peut coûter jusqu’à 600 euros, est désormais distribué à nombre de salariés, quel que soit leur niveau hiérarchique. Lors de l’informatisation des entreprises, celles-ci fournissaient à leurs employés des ordinateurs et leur apprenaient à s’en servir. Or on assiste aujourd’hui à un renversement total de situation, car « les salariés sont souvent mieux équipés à la maison qu’à leur travail », comme le souligne André Demollière, d’ADP. Un niveau d’équipement qui rend les collaborateurs plus exigeants et les amène de plus en plus souvent à utiliser leur matériel personnel à des fins professionnelles. « Dans notre étude, nous avons constaté que les deux tiers des cadres utilisent à titre professionnel des solutions qui ne sont pas mises à disposition par leur entreprise. Et ils introduisent également dans l’entreprise des applications souvent expérimentées dans un contexte extraprofessionnel s’avérant également utiles dans leurs missions professionnelles », note Hélène Mouiche, de Markess International.

Un kit complet pour tout nouvel arrivant. Pour le DSI, faire entrer un matériel exogène est un vrai casse-tête, d’autant que, pour être utilisé efficacement, le terminal doit être relié au système d’information. Difficile, dans ces conditions, de mener une gestion de parc rigoureuse, sans compter les problèmes posés par la sécurisation des données. C’est pourquoi beaucoup d’entreprises ont choisi d’investir pour équiper leurs salariés d’outils récents, homogènes, et fournissent un kit complet à tout nouvel arrivant. C’est également la stratégie adoptée dans le cadre du télétravail qui, depuis février 2012, figure dans le Code du travail, afin d’offrir aux collaborateurs un accès performant et surtout sécurisé au système d’information de l’entreprise.

Néanmoins, malgré leur bonne volonté, les directions ne peuvent rivaliser avec l’évolution technologique plus rapide que les plans triennaux d’investissement. Dans ce contexte, le collaborateur a toujours un temps d’avance sur l’entreprise. À celle-ci de se montrer flexible et d’évaluer les enjeux, car certains candidats n’hésitent pas à faire de ces outils un critère d’embauche : « Nous avons recruté un consultant senior qui a conditionné sa réponse à la possibilité d’utiliser son propre matériel », explique le directeur informatique d’un grand groupe de médias qui, finalement, a dû accepter le marché. Aux États-Unis, ce phénomène est connu sous le terme de Byod (bring your own device). Après avoir conquis les sociétés de high-tech, il se propage dans tous les secteurs.

Le principe est d’autoriser les collaborateurs à se servir de leur matériel personnel dans un contexte professionnel en leur finançant l’achat du terminal ou en prenant en charge une partie des frais, par exemple l’abonnement téléphonique. Cet usage, qui avait beaucoup de détracteurs à ses débuts, notamment pour des raisons de sécurité, se répand aujourd’hui car les entreprises en perçoivent les avantages financiers, organisationnels et techniques. De plus, si ce genre de solution peut se généraliser, c’est aussi en grande partie grâce au développement du cloud computing, littéralement « informatique dans le nuage ». Et plus particulièrement du software as a service (Saas), qui permet d’accéder à l’application sans la posséder sur son terminal, uniquement en disposant d’une connexion Internet ou 3G. L’énorme avantage du cloud est que l’accès au SIRH s’en trouve simplifié et qu’en cas de disparition du terminal les données ne sont pas perdues mais stockées dans le nuage. Par ailleurs, le Saas reposant sur un principe de location, il est plus facile pour l’entreprise de gérer les accès aux applications en fonction des besoins et du nombre d’utilisateurs.

La mobilité sous-entend de nouvelles règles de management. Le Byod et le cloud computing, Revevol les a immédiatement adoptés. Cette start-up créée en 2007 et spécialisée dans les technologies du Web a décidé de ne pas acheter de matériel informatique, ni pour son fonctionnement ni pour ses collaborateurs : « Toutes nos infrastructures reposent sur le cloud computing. Pour le matériel utilisé par les salariés (40 en France, 150 dans le monde), nous versons 50 euros par mois et par personne afin de couvrir les frais d’achat et nous remboursons la moitié de la facture de téléphone mobile quel que soit le montant, explique Laurent Gasser, P-DG de Revevol. Certes, nous embauchons essentiellement des jeunes qui possèdent déjà leur ordinateur. Ils utilisent l’outil qu’ils aiment et ils sont beaucoup plus productifs. » Mais le concept plaît aussi aux seniors qui disposent d’un matériel récent et qu’ils maîtrisent bien. Moins d’investissements. Pour le dirigeant de la start-up, le Byod a un autre avantage : il permet de s’affranchir du support technique et réduit considérablement les investissements financiers : « Nous avons divisé par deux, voire par trois, le coût des postes de travail. »

Attention aux dérapages ! Laurent Gasser reconnaît que « la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle a explosé. Mes collaborateurs peuvent surfer sur Facebook dans la journée ou répondre à leurs mails professionnels la nuit. Mais ça ne veut pas dire que l’on peut faire n’importe quoi. Il faut inventer de nouvelles règles de management fondées sur le respect de l’autre, car il peut y avoir des dérapages si on entre dans la vie privée des gens ». S’il admet que le fonctionnement de son entreprise est encore une exception, il estime néanmoins que ce modèle est inéluctable, même pour les grandes structures : « La demande va être poussée par les utilisateurs, et les entreprises qui ne s’y plieront pas n’attireront plus les talents. »

Auteur

  • Florence Puybareau