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Idées

Salaires des dirigeants et honoraires des médecins

Idées | Bloc-notes | publié le : 04.05.2012 | Rose-Marie Van Lerberghe

L’IMPROBABLE PLAFONNEMENT DES RÉMUNÉRATIONS

La campagne électorale fait res­surgir des thèmes récurrents qu’elle ne contribue ni à éclairer ni à faire progresser. Ainsi, les salaires des dirigeants ont fait irruption dans les débats à la faveur de la révélation bien inspirée de leur hausse en 2011, puis de l’annonce du bonus du patron de Publicis. Dans une économie ouverte où une part importante, voire majoritaire, des activités du CAC 40 s’effectue à l’étranger, le plafonnement évoqué par certains serait immanquablementet facilement détourné. Certes, l’État peut limiter les rémunérations dans les sociétés nationales, mais il répugne à se priver des meilleurs talents.

C’est plutôt à la fiscalité, prérogative de l’État, de rétablir une certaine équité et de corriger les inégalités. D’ailleurs, certains dirigeants, dont celui de Publicis, avaient pris l’initiative d’évoquer la question. Ce qui trouble dans la proposition aussi populaire qu’improvisée du favori des sondages, François Hollande, c’est le gap entre la dernière tranche de l’IRPP et ce chiffre de 75 % qui peut apparaître confiscatoire et qui ne sera probablement pas appliqué en l’état, tant les cas particuliers vont se multiplier. Cette mesure, dont on ne sait si elle est appelée à être permanente ou exceptionnelle, vient troubler la cohérence d’un projet fiscal pourtant présenté comme soigneusement élaboré de longue date.

LES LIMITES DU SAY ON PAY

Une idée moins spectaculaire apparaît dans le débat : pourquoi ne pas adopter le say on pay utilisé dans de nombreux pays européens qui permettrait à tous les actionnaires de se prononcer en assemblée générale sur l’ensemble de la rémunération des dirigeants et pas seulement sur les éléments exceptionnels. En réalité, il n’est pas du tout certain que le vote en assemblée générale soit un élément de modération, comme le montre l’exemple britannique. Le say on pay risque d’apporter au contraire une onction supplémentaire par les actionnaires. Le principe de transparence adopté il y a quelques années n’a pas du tout freiné la progression du salaire des dirigeants par un effet de comparaison, chacun mettant son point d’honneur à ne pas paraître sous-payé par rapport aux autres.

UNE COURSE AUX TARIFS MÉDICAUX ?

On me permettra ici une analogie avec un autre débat qui point dans la campagne, celui des dépassements d’honoraires des médecins. Dans le Monde du 11 avril 2012, on peut lire que c’est dans les zones surmédicalisées que les honoraires sont les plus élevés, comme si les médecins se livraient entre eux à une course aux tarifs les plus onéreux, supposés attester de leur qualité. Dans les deux cas, deux principes comparables, celui de modération exigé par les recommandations de l’Afep et du Medef pour les dirigeants d’entreprise, et celui d’agir avec tact et mesure édicté par le Conseil de l’Ordre pour les médecins, ont du mal à éviter les dérives. Dans les deux cas, ces sujets appelleraient une réflexion plus complète et plus approfondie.

Auteur

  • Rose-Marie Van Lerberghe