Si t’as pas d’papiers, t’as pas l’droit aux congés payés. » Chez Clean Multi­services, en banlieue parisienne, le patron ne reculait devant rien pour grappiller des économies sur le dos de ses salariés « clandestins ». À l’été 2009, une vingtaine d’entre eux, dont la majorité ont été victimes de licenciements abusifs, lancent une grève avec occupation, pour réclamer leur régularisation. Épaulés par les syndicalistes de Solidaires et le collectif de soutien aux sans-papiers d’Argenteuil, ils maintiendront leur piquet de grève pendant trente-neuf jours.

« On est là, on bouge pas » a été leur mot d’ordre, avant de devenir le titre de ce documentaire engagé. Comme il l’avait fait auparavant dans Rêve d’usine (2002) où il a suivi l’annonce de la fermeture d’un site Epéda au milieu des salariés, Luc Decaster plonge dans le quotidien âpre de la lutte. Car les négociations pour obtenir des contrats de travail, et des compensations financières, se heurtent à la menace, sans cesse agitée par l’employeur, d’une liquidation.

Si le réalisateur retranscrit fidèlement accords et désaccords au sein du piquet de grève, on regrettera qu’il ne donne à aucun moment la parole à l’employeur. Son documentaire pèche aussi par un défaut d’explications. À force de se perdre dans les méandres des histoires, on peine à s’attacher aux protagonistes.

On est là ! (1 h 50), documentaire de Luc ­Decaster. Sortie le 16 mai.