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Éditorial

Le social à la portion congrue

Éditorial | publié le : 04.05.2012 | Jean-Paul Coulange

Comme les sondages le laissaient entendre depuis des semaines, François Hollande et Nicolas Sarkozy dispu­teront la finale de l’élection présidentielle. Au vu de leurs programmes et de leurs campagnes respectifs, difficile de départager les deux candidats dans le domaine social. Sur la résorption du chômage, dossier ultraprioritaire des cinq prochaines années, les mesures avancées par les deux rivaux sont des recettes éprouvées : relance des contrats aidés et contrat de génération coordonnant embauche des jeunes et maintien en emploi des seniors pour le candidat socialiste, exonération de charges pour l’embauche d’un senior, obligation de formation des chômeurs aux emplois pénuriques et renforcement de l’apprentissage pour son challenger.

En définitive,lespisteslesplusinnovantes auront été tracées dans la dernière ligne droite du quinquennat, avec le transfert d’une partie des cotisations patronales sur la TVA « sociale », théoriquement prévu pour le 1er octobre afin de faire baisser le coût du travail et, sur un mode plus défensif, la mise en œuvre d’accords dits de compétitivité liant salaires et temps de travail dans les entreprises en difficulté. En matière de coût du travail, le coup de pouce au smic annoncé par François Hollande pour l’été n’est sans doute pas la meilleure façon de doper l’emploi des non-qualifiés. Mais le geste, probablement éphémère, est clairement destiné au peuple de gauche et aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon, dont le champion socialiste aura besoin au second tour.

De cette confrontation entre droite et gauche, où, contrairement au scénario de 2007, il est davantage question de rejet du président sortant que de programme de rupture, il ne fallait pas s’attendre à un excès d’audace de la part des deux principaux protagonistes. Il y a donc de quoi être circonspect, à la lumière des prévisions de croissance et de l’état calamiteux des finances publiques. Plusieurs grands chantiers sont pourtant urgents : d’abord, une réforme d’ampleur du marché du travail qui, on le sait, n’intègre pas les jeunes, rejette les seniors, multiplie les précaires, néglige les salariés des sous-traitants…

Deuxième impératif, une refonte du système de santé, rafistolé en permanence depuis plusieurs décennies au gré d’une politique de déremboursement massif et de mise à contribution des assureurs complémentaires, sur fond de restructurations hospitalières intensives. Troisième figure imposée, totalement délaissée par les deux candidats, la pérennité du financement de la dépendance. Et l’on pourrait ajouter au cahier des charges la consolidation sur le long terme des régimes de retraite par répartition, que la dernière loi de 2011 n’a pas garantie au profit d’une réforme systémique. C’est peu dire qu’en consultant les professions de foi des deux finalistes on n’y trouve pas son compte.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange