Idéalement localisé, Montpellier attire les nouveaux résidents mais est plombé par le chômage. Les nouvelles technologies, la santé et une foultitude de TPE peinent à tirer l’emploi vers le haut.
À deux pas de la Méditerranée et, en même temps, à trois heures et quinze minutes en train de Paris, pratiquement à égale distance de Lyon, Barcelone et Turin, Montpellier bénéficie d’une position stratégique que renforcera encore le doublement de l’autoroute A9 et le contournement de la ligne à grande vitesse. Une situation géographique qui séduit chaque année 5 600 habitants supplémentaires, en moyenne, depuis le début des années 2000. En 2009, la huitième ville française comptait 255 000 résidents et l’agglomération, 409 000. Tout juste sortie de l’ère Frêche, qui l’a façonnée durant les trente dernières années et rebaptisée « Montpellier la surdouée », la métropole héraultaise continue d’attirer les nouveaux venus comme un aimant. Au risque de vider de ses emplois le reste du département. Il faut dire que l’ancien édile socialiste a tout fait pour rendre sa commune séduisante et performante. En termes de développement urbain, d’abord, avec la création des premières lignes de tramway et le lancement de joyaux de l’architecture, comme le tout récent et somptueux hôtel de ville. Il a également déroulé le tapis rouge pour faciliter l’arrivée de spécialistes des nouvelles technologies, comme IBM ou Dell, et même créé un quartier rien que pour eux, le Millénaire. Quand Big Blue est arrivé en ville, en 1965, le fleuron américain de l’informatique donnait du travail à 2 000 salariés. Mais, dans les années 90, il s’est délesté de la moitié de ses effectifs. Et, en janvier, il a annoncé la suppression de 66 postes. Pour autant, il reste, avec Dell (voir page 45), un incontournable de l’économie montpelliéraine.
« Alors que, dans les années 70, l’immigration était surtout composée de retraités, maintenant, il s’agit plutôt de jeunes à la recherche d’un emploi », indique Robert Siegel, directeur de l’information économique de la CCI de Montpellier. Entre 1999 et 2006, un actif supplémentaire sur deux était un migrant. Aujourd’hui, 42 % de la population montpelliéraine a moins de 30 ans ! Parmi elle, 60 000 étudiants, mais aussi des demandeurs d’emploi. Ombre au tableau idyllique de la cité héraultaise : le chômage. Il atteignait 13,6 % au premier trimestre 2011, contre 9,2 % en moyenne en France métropolitaine. Même si, au fil des années, il a connu une baisse, de 18,6 % en 1999 à 15 % en 2007, il reste supérieur à celui des agglomérations comparables.
La crise de 2008 n’a pas affecté Clapas (nom occitan de la ville), à contre-courant de la tendance nationale. Elle a même bien résisté puisque le taux de chômage a diminué de 2 points, alors qu’au niveau national il a justement crû d’autant de points après le passage de l’ouragan financier. Le manque d’industries, faiblesse de la région par temps calme, en fait sa force en pleine tempête. « Nous n’avons pas connu de grand drame. Il n’y a pas eu de grosses entreprises qui sont tombées, ce qui aurait plombé le moral des gens », analyse Robert Siegel, de la CCI. Quoi qu’il en soit, Montpellier n’a jamais été un fer de lance des mouvements sociaux dans le Sud. La tradition syndicale est aussi absente du paysage local que l’est l’industrie, pour laquelle « les gens n’ont jamais eu à se battre », comme le regrette Alain Cwick, secrétaire général de FO Hérault (voir page 43).
Les neuf principaux employeurs de l’agglomération sont publics. Le CHU est loin en tête, avec ses 11 000 salariés, suivi par la mairie et le conseil général. À elles trois, les universités comptent 6 300 salariés. Loin derrière, on trouve Sanofi, France Télécom, le Crédit agricole, Dell et IBM (voir carte). En revanche, les TPE abondent sur le territoire montpelliérain : on en compte 29 000. « Ici, on parle de grande entreprise à partir de 50 salariés alors que, pour le reste de la France, c’est tout juste une PME ! » ironise Robert Siegel.
Les patrons de PME, artisans, commerçants et professions libérales constituent 14 % de la population en Languedoc-Roussillon, contre 10 % à l’échelon national. C’est la plus forte proportion de non-salariés en France. À tel point que l’enseignant-chercheur en management Olivier Torrès (université Montpellier I) a fondé en 2011 un observatoire de la santé des travailleurs non salariés. Inquiet de l’état de stress et de surmenage de certains patrons de PME, il s’est mis au chevet, pour trois ans, d’une population qui échappe au contrôle de la médecine du travail.
La Communauté d’agglomération couve aussi ces petites structures pour qu’elles créent de l’emploi (voir page 41). « L’enjeu est de passer à vingt salariés par entreprise, contre une moyenne de cinq à huit aujourd’hui », indique Jean-Pierre Moure, président socialiste de Montpellier Agglomération.
Autre secteur d’avenir, la santé, chère à la maire PS de la ville, Hélène Mandroux, elle-même médecin généraliste. Les initiatives fleurissent au sein du parc technologique Euromédecine. La filiale du groupe japonais Horiba y a élu domicile (voir page 46). Sanofi, présent à Clapas depuis 1972, reste l’un des piliers de la recherche, notamment en ce qui concerne le système nerveux central et l’oncologie. Sans oublier la faculté de médecine, qui est la plus ancienne du monde encore en activité.
MONTPELLIER
CHU
11 000 salariés
Mairie
4 000 salariés
Conseil général
2 662 salariés
Université Montpellier II
2 431 salariés
La Poste
Environ 2 000 salariés
Université Montpellier III
1 955 salariés
Université Montpellier I
1 915 salariés
Communauté d’agglomération de Montpellier
1 486 salariés
SNCF
1 377 salariés
Sanofi
1 200 salariés
France Télécom
1 000 salariés
Dell
990 salariés
IBM
900 salariés
LATTES
Crédit agricole
999 salariés