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Montpellier, côté social

Dix figures locales de l’emploi et du social

Montpellier, côté social | Métropoles | publié le : 01.04.2012 | R.L.S.

Dirigeants, avocats, syndicalistes…, par leur engagement et leur action, ils contribuent au dynamisme de l’agglomération héraultaise.

ANDRÉ DELJARRY, PRÉSIDENT DE LA CCIT DE MONTPELLIER

Le patronat consensuel

Il se décrit lui-même comme « l’homme providentiel, consensuel » de la chambre de commerce et d’industrie territoriale (CCIT)… Il a tiré son épingle du jeu de la bataille qui a fait rage entre Gabrielle Deloncle, responsable de la CGPME de l’Hérault, contrainte de quitter la présidence de la CCI en août 2011, et son prédécesseur, Rudy Iovino, membre du Medef. « Il fallait un homme nouveau qui sorte des apparatchiks », affirme André Deljarry, qui a pourtant simplement troqué sa casquette de président du Medef de Montpellier pour celle de patron de la chambre consulaire. Une expérience qui lui a appris que l’« on ne gère pas une administration comme une entreprise, bien qu’il faille dynamiser la CCIT ».

Et il sait de quoi il parle. Avant de devenir promoteur immobilier, il a tenu les comptes de magasins de la grande distribution pendant trente ans, dans le groupe Casino, puis Intermarché.

Il a gardé le côté « besogneux », qu’il compte mettre à profit pour consolider le cœur de ville. Son slogan ? « Un centre fort pour une périphérie forte ». Il met aussi un point d’honneur à valoriser au maximum le tourisme et la viticulture, trésors de la région.

FLORENCE BUSCAIL, SECRÉTAIRE CGT DU CE d’IBM

La femme forte d’IBM

Elle est celle qui a fait plier le géant de l’informatique sur la discrimination sexiste. « J’ai été l’une des premières embauchées, en 1985 », annonce fièrement Florence Buscail. Quinze ans plus tard, elle se rend compte que seules les femmes de cette vague d’embauches ne sont pas cadres. Alors elle attaque. La cour d’appel de Montpellier condamne IBM à lui verser 30 000 euros de préjudice pour discrimination. Elle devient cadre, mais sans augmentation. Elle repart donc à la charge en 2005 et finit par obtenir des prud’hommes 110 000 euros, correspondant à vingt années d’écart de salaire ! Depuis 2009, elle se consacre entièrement au CE, dont les élus ont voté, à l’unanimité, une action auprès du TGI visant à obtenir un véritable PSE afin d’accompagner la suppression de 66 postes annoncée en janvier « pour qu’il y ait un traitement collectif ». La CGT craint surtout pour les employés de la production, « les plus bas salaires », dont une partie du travail est délocalisée à Singapour. Ils pourraient être reclassés, mais y perdraient en rémunération, puisqu’ils n’auraient plus le droit aux primes d’équipe, de nuit, etc. Soit 300 euros net par mois en moins sur la fiche de paie

GÉRARD MAURICE, PRÉSIDENT DU CESER DU LANGUEDOC-ROUSSILLON

La fibre humaniste

Multicasquette, le président du conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) est aussi à la tête de la Sogea Sud, filiale de Vinci et première entreprise de BTP de l’agglomération. D’ailleurs, pour lui, « le bâtiment et le tourisme restent les deux piliers de l’économie montpelliéraine ». Dans cette région où l’essor démographique est le plus fort, les besoins hospitaliers, scolaires, d’infrastructures et de logements suivent. Si la croissance de son entreprise a encore crû de 12 % en 2011 par rapport à l’année précédente, avec un chiffre d’affaires de 122 millions d’euros, c’est grâce à « la qualité de [ses] hommes », 200 à Montpellier. « Gérard Maurice est un patron humaniste », c’est Alain Cwick, chef de file de FO de l’Hérault qui le dit. Et, en tant que président du Ceser depuis 2007, où place-t-il ses espoirs ? « Nous rêvons tous de la naissance d’une industrie liée aux énergies renouvelables. Nous avons du soleil et du vent mais, pour disposer de la totalité des atouts, nous devons fabriquer nous-mêmes les composants au lieu de les importer d’Allemagne ou d’ailleurs. »

ALAIN CWICK, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’UD FO

Le déçu de l’Hérault

Il dirige FO, la première organisation syndicale du département, forte de 7 200 adhérents, majoritaire dans les collectivités territoriales et hospitalières, qui drainent les flux les plus importants d’emplois de Montpellier. Alain Cwick préside d’ailleurs le conseil d’administration de la Carsat. Mais ni le soleil ni les attraits touristiques ne sont parvenus à séduire ce Parisien d’origine. Encore moins la faible tradition syndicale. « Depuis que Marc Blondel m’a envoyé ici il y a vingt ans, j’ai failli repartir plusieurs fois », avoue cet ancien chauffeur de métro de la RATP, habitué à des luttes sociales corsées. « On a beau organiser des stages de formation, les gens sont démobilisés, ils n’ont jamais eu à se battre pour leur industrie », regrette-t-il. Seule la grève des routiers de 1992 et quelques conflits dans la grande distribution ont satisfait cet esprit rebelle et chaleureux préoccupé par le chômage des jeunes et des seniors ainsi que par la précarité des retraités de l’Hérault.

THIERRY NEGRE, DRH DU CHU DE MONTPELLIER

À la barre du paquebot de l’emploi

Il dirige les ressources humaines du plus important employeur, et de loin, de Montpellier. Thierry Negre gère plus de 11 000 salariés et il doit trier quelque 7 000 candidatures pour finalement recruter entre 650 et 700 personnes chaque année. Même si, crise oblige, le turnover de ce gros pourvoyeur d’emplois a diminué depuis deux ans. Pour autant, le DRH est régulièrement confronté à la pénurie d’infirmiers, surtout ceux spécialisés en bloc opératoire, « moins valorisés, moins rémunérés ». Il travaille à limiter l’absentéisme, en hausse de 4 % en 2011 : dix-huit jours d’arrêt maladie par an et par agent. « C’est un milieu difficile, le personnel est présent 24 heures sur 24, en contact avec des malades angoissés », justifie-t-il. La cible principale du DRH ? Les lombalgies, responsables de bon nombre d’accidents du travail et d’arrêts de longue durée. Ses armes ? La prévention et la formation (budget : 10 millions d’euros par an, soit 4,3 % de la masse salariale). « Nous sommes en train de vérifier si les moyens mis en place pour aider au levage des patients sont bien utilisés », indique-t-il.

CLARE HART, CHEF D’ENTREPRISE ET PRÉSIDENTE DE FACE HÉRAULT

Haro sur les discriminations !

Cette Anglo-Canadienne s’est installée à Montpellier « sur un coup de cœur ». Elle a vite déchanté. « Quand j’ai créé mon entreprise de traduction, ILO, j’ai été choquée d’être la cible de commentaires sexistes et racistes », témoigne la quadra à l’accent charmant. Elle s’est donc engagée auprès d’une fondation de lutte contre les discriminations, jusqu’à ce qu’en 2009 elle devienne présidente de Face Hérault, cette association qui regroupe près de 1 300 entreprises dites « socialement responsables ». Le chômage des moins de 25 ans, qui atteint près de 45 % dans les quartiers sensibles de Montpellier, l’inquiète particulièrement : « Nous essayons d’aller à la rencontre de ces jeunes pour les sortir de leur milieu, les aider à intégrer des entreprises prestigieuses via des stages », explique-t-elle. Elle apprécie toujours le dynamisme de Montpellier, où elle a fait croître son entreprise, créée en 1993 et qui emploie aujourd’hui 18 salariés permanents. « Chez moi, en Angleterre, les entreprises sont livrées à elles-mêmes. Ici, il y a une vraie politique d’aide aux entreprises », compare-t-elle, en faisant référence à la dernière initiative de l’agglomération, le Mibi (voir page 46).

ALAIN OTTAN, avocat prosalariés

Pourfendeur du capitalisme financier

C’est l’homme des combats patients et déterminés. Alain Ottan, avocat aux côtés des syndicats CGT et CFDT, a à son actif de longues batailles judiciaires contre le géant informatique IBM, implanté à Montpellier : le premier arrêt sur la discrimination sexuelle, dont était victime une salariée montpelliéraine, d’autres sur la discrimination syndicale ou le non-versement des subventions au comité d’entreprise. Il a de qui tenir. « Disciple de Jean Méloux », principal avocat des syndicats à Montpellier dans les années 70-80, il s’est tourné vers le droit social et a repris ses principaux clients : la CFDT à IBM et la CGT à la source Perrier.

Auparavant, Alain Ottan, qui a prêté serment en 1978, était l’avocat des indépendantistes kanaks. Indigné par « le capitalisme financier », il dénonce « ces grands groupes qui rachètent des entreprises, déposent aussitôt le bilan et comptent sur le régime de garantie des salaires pour payer. C’est une façon de tuer le concurrent ». Aux côtés de la CGT dans l’affaire Richard-Ducros, il a « obtenu que le groupe Fayat finance le plan de sauvegarde de l’emploi en faisant reconnaître sa qualité de coemployeur ».

DANIÈLE HÉRIN, PRÉSIDENTE DE L’UNIVERSITÉ MONTPELLIER II

Marier fac et recherche

Première femme élue à la tête de « la fac de sciences » en 2008, Danièle Hérin n’est pas du genre à se laisser abattre par un échec. Alors que Montpellier a été éliminé de la course aux initiatives d’excellence (Idex), elle veut mener à bien le projet qu’elle a défendu au cours de son mandat : la fusion des universités et le regroupement des établissements supérieurs d’enseignement et des organismes de recherche de Montpellier (SupAgro, l’École nationale supérieure de chimie…) sous une gouvernance unique. De sa longue carrière d’enseignante-chercheuse en informatique, commencée au début des années 70, elle a tiré un « engagement vis-à-vis de l’institution » et une conviction : « Il faut concilier enseignement et recherche. » Elle n’ignore pas que la désaffection des chercheurs des grands organismes tels que le CNRS serait un drame pour Montpellier II.

En stratège, elle aligne les points forts de ses équipes : les 18 Labex et 7 Equipex gagnés haut la main, le 7e rang français décroché au Times Higher Education, le classement dans le top 300 de Shanghai, etc. Elle affiche une réorganisation administrative aboutie et un budget de 200 millions d’euros à l’équilibre. Pour réussir sa mission.

OLIVIER BONIJOLY, AVOCAT PROEMPLOYEURS

L’avocat du « juste équilibre »

Ses maîtres mots : « négociation », « conciliation », « équilibre ». Protestant nîmois et spécialiste de droit social, Olivier Bonijoly a mis ses compétences d’avocat au service des employeurs. En 1988, son diplôme de juriste-conseil d’entreprise en poche, il est entré au cabinet Barthélémy, à Nîmes, puis a fondé en 1996 son bureau montpelliérain qui, à la suite d’une scission, est devenu en 2007 le cabinet Capstan. Ses clients : Nestlé, à la tête de la source Perrier, dans le Gard, des cliniques privées, des banques et, de plus en plus, des associations telles que Présence verte, œuvrant dans les services à la personne. Réfutant d’avance le qualificatif d’avocat « patronal », il dit ne pas croire « une seconde à la lutte des classes ». Des « moments difficiles » liés à la restructuration de la source Perrier, il veut se souvenir de la « négociation collective » et de « l’accord de GPEC qui a permis d’accompagner ce changement dans l’intérêt des uns et des autres ».

FABIENNE MAUBERT-LE DREN, DIRECTRICE DE L’AFPA LANGUEDOC-ROUSSILLON

Pilote du changement

Nommée en 2008 directrice régionale de l’Afpa, Fabienne Maubert-Le Dren a dû relever tous les défis à la fois : perte d’activité, décentralisation, ouverture à la concurrence et individualisation des formations. De contrôleuse de gestion, cette femme de 42 ans s’est muée en « pilote du changement ». Sans l’aide d’un cabinet d’audit et sans affronter de conflit social. En constituant des groupes de travail avec des salariés pour tout réorganiser, poste par poste. Décidée et volubile, elle s’est efforcée de convaincre que « le social, ancrage fort de l’Afpa, peut se concilier avec l’économique » : « Il s’agit de redonner une posture citoyenne aux salariés de l’Afpa dans leur activité », au service de missions d’intérêt général contre l’exclusion et les discriminations. À la tête de 350 salariés, elle affronte un marché fluctuant et doit pallier la baisse de la part des demandeurs d’emploi parmi les stagiaires (60 %). Sa stratégie : nouer des partenariats avec tous les acteurs du marché pour mieux s’adapter aux besoins. Ainsi, en association avec la Région Languedoc-Roussillon, l’Afpa a ouvert un village éco-énergies et deux plates-formes « maîtrise de l’énergie ».

Auteur

  • R.L.S.