P-DG du cabinet France Industrie & Emploi, Michel Ghetti est un spécialiste de la revitalisation du territoire. Il pousse un coup de gueule en faveur d’une plus grande cohérence entre discours politique et réalité économique et sociale.
Je suis agacé par les rodomontades des hommes politiques. Une entreprise doit pouvoir anticiper l’évolution du marché et gérer la baisse de ses effectifs avant de connaître des pertes financières. Ceux qui se prononcent pour l’interdiction de mettre en œuvre un PSE dans un groupe bénéficiaire sur le plan mondial reviennent sur les lois de modernisation sociale et de programmation pour la cohésion sociale. Et ceux qui étaient au pouvoir ces dernières années n’ont pas bougé le petit doigt pour faire en sorte que des entreprises ayant l’État au capital adoptent une attitude plus citoyenne.
Je pense notamment à Renault, qui a vendu la Société nationale de roulements à une entreprise japonaise dont le modèle économique est fondé sur une production à moindre coût. Cela ne pouvait pas se terminer autrement que par des suppressions d’emplois en France. Lorsque le même groupe développe une technologie avec un sous-traitant, puis lui demande de produire en Inde à moindre coût, je suis indigné.
Cette proposition pose la question de l’utilisation rationnelle de l’argent de la formation, mais elle ne règle pas le problème. Il vaudrait mieux simplifier les relations entre les différents intervenants. Les Régions sont très présentes sur le sujet, mais elles ne savent pas s’adapter aux besoins.
Il faut une politique industrielle qui concentre les moyens de recherche et développement dans les domaines et les filières d’avenir. Il faut aussi que les relations entre les grands groupes et les PME s’améliorent. Sur le perron de l’Élysée, le P-DG de Renault s’est engagé à payer ses sous-traitants à quarante-cinq jours, alors que ses acheteurs exigeaient toujours plus d’efforts des fournisseurs.
Les entreprises devraient pouvoir compter sur un environnement législatif plus stable. On modifie les lois trop souvent pour pallier la faiblesse du dialogue social. Sur ce point, je pense que la solution serait de rendre la participation aux élections professionnelles obligatoire, de manière à donner du poids aux organisations syndicales.