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Le journal des ressources humaines

La chasse aux fôtes est ouverte

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.04.2012 | Sabine Germain

L’orthographe pourrait devenir une matière obligatoire dans le parcours de formation des cadres : il devient difficile de faire carrière en écorchant la langue de Molière.

Vous pourrez compté sur toute mon harderau travail. » Jeune commercial, Léo regrette d’avoirrépondu trop vite à la proposition d’embauche : il n’a pas pris le temps de faire relire son mail par sa sœur, qui avait corrigé son CV et sa lettre de candidature. En recevant ces lignes truffées de fautes, l’ex-futur employeur est ­revenu sur son offre : « Profil non compatible avec la rédaction de propositions commerciales. »

Maîtriser les règles de grammaire et d’orthographe, « c’est une question de respect pour ses inter­locuteurs », estime Didier Lichtensteger, DRH d’Ausy, cabinet de conseil et d’ingénierie en hautes technologies (3 200 salariés). « Une lettre de candidature contenant des fautes n’est pas forcément rédhibitoire. Mais je ne manque pas d’en faire la remarque au candidat », précise-t-il. Pour ceux qui ont envie de progresser, l’entreprise propose un test d’évaluation et un module de formation syntaxique. « 95 % de nos salariés sont des ingénieurs. Mais ce ne sont pas tous des champions de l’orthographe », poursuit Didier Lichtensteger. Moralité : tous les courriers importants passent entre les mains d’un comité de relecture. « Cette rigueur nous a permis de décrocher un gros marché public. À proposition technique et commerciale équivalente, le donneur d’ordres a privilégié notre offre. Il l’a trouvée grammaticalement plus propre que les autres. »

Est-ce à cause d’une baisse générale du niveau Ou parce que les cadres n’ont plus de secrétaire pour rédiger leurs courriers L’orthographe est devenue un véritable enjeu au travail.

« La qualité d’un ingénieur passe aussi par la qualité de ses écrits », estime Nelly Rouyres, directrice adjointe d’ECE Paris. L’école d’ingénieurs inscrit un cours d’expression écrite en première année. « La plupart des fautes découlent d’un manque d’attention ou de relecture. Pour obliger les élèves à être attentifs, nous sommes très exigeants : ils peuvent perdre entre 6 et 8 points au rapport de stage. Quand les fautes sont sanctionnées, les progrès sont spectaculaires ! »

Depuis 2006, l’ECE organise une dictée ouverte à tous les étudiants scientifiques, des IUT aux plus grandes écoles : « Les ingénieurs ne sont pas moins doués que les étudiants en école de commerce, observe Nelly Rouyres. Nous leur donnons l’occasion de se mesurer autour d’une dictée très difficile, qui n’a rien à envier à celle de Bernard Pivot. »

Auteur

  • Sabine Germain