la dénonciation de l’assistanat semble devenue un thème porteur. Nicolas Duvoux s’en alarme, rappelant que la pauvreté touche plus de 8 millions de personnes. Sans les filets protecteurs du RMI ou du RSA, ces exclus seraient broyés par l’existence. Mais cela ne doit pas masquer les contradictions et les insuffisances de la politique d’aide à ces catégories les plus vulnérables. Le premier chapitre retrace le passage de l’État providence à la lutte contre l’exclusion. L’auteur fait remonter l’amorce de ce mouvement au début des années 80, avec l’apparition du chômage de masse. Dans la décennie 90, la montée en régime des dispositifs d’insertion et de lutte contre l’exclusion entraîne une modification en profondeur de notre modèle social, rarement assumée comme telle par les gouvernements. Un autre chapitre tente de cerner les implications pour la société de ces changements de politiques publiques. « Les politiques d’insertion destinées à lutter contre le chômage ont directement contribué, en France, à la dégradation des normes d’emploi », souligne Nicolas Duvoux, qui met en avant la précarisation croissante dont ces politiques furent indirectement le vecteur. Enfin, ces dispositifs, particulièrement coûteux et pas toujours immunisés contre les fraudes, ont favorisé la montée d’une stigmatisation de l’assistanat. Pas facile, toutefois, de remettre au travail les pauvres. L’idée défendue par le sociologue est qu’il faut réinjecter de l’autonomie dans la solidarité. Il prône une nouvelle approche « qui serait fondée non plus sur le statut (d’assisté) mais les besoins réels de la personne ». Les modalités en restent floues, mais l’on aurait aimé que ces questions occupent une plus grande place dans la campagne présidentielle.

Le Nouvel Âge de la solidarité, Nicolas Duvoux. Éditions Seuil, coll. « La République des idées ». 112 pages, 11,50 euros.