logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Dans l’attente d’un grand rendez-vous social…

Idées | BLOC-NOTES | publié le : 01.04.2012 | Michel Yahiel

LE « SOCIAL » EST PARTOUT ET NULLE PART

Dans la campagne présidentielle, qui rythme désormais la vie nationale, tout se passe comme si, cette fois, le « social » était partout et nulle part. Partout dans les discours politiques, d’abord : d’un côté, le retour en force des thèmes anciens de la lutte contre les fraudes ou de la nécessaire contributivité des prestationssociales ; de l’autre, l’attachement aux principes de solidarité ou la confiance dans de nouveaux mécanismes de régulation publique. Et cependant peu de mesures véritablement précises, des programmes concentrés sur quelques rares dispositions (référendum sur la formation, contrat de génération, régime des 37 heures pour d’autres candidats), des silences (relatifs) assez étonnants sur des sujets pourtant clés, comme la santé ou, ce qui est plus fréquent, le travail social.

Une raison sans doute à cela : l’état cataclysmique de nos finances publiques, celles de nos régimes sociaux en particulier, qui, tout à la fois, tend à anesthésier les volontés de réforme, ce qui en est le versant inquiétant et, plus positivement, à inciter à une modération des promesses plutôt bienvenue. Tel est le paradoxe de la crise, du moins l’un des plus notables, que de provoquer des réactions fortes et de dissuader d’y faire allusion. Pourtant, dès le 7 mai au matin, il faudra tout à la fois prendre en compte de multiples aspirations, parfois contradictoires, et aborder d’un pas vigoureux le chemin du redressement, qui s’annonce des plus escarpés.

REDONNER SA PLACE AU DIALOGUE

Chacun voit bien que va se jouer, à partir du printemps, un nouvel acte de la réforme de notre dialogue social. De grands pas ont été faits dans sa modernisation (loi Larcher, règles de représentativité…). Mais les échéances à venir seront redoutables, que ce soit pour la place respective des acteurs ou le cap à tenir sur des réformes encore en devenir, à commencer par celle des retraites. Dans tous les cas de figure, un grand rendez-vous social attend notre pays, qui d’abord devra s’atteler aux règles du jeu, dont beaucoup sont encore en gestation, avant d’aborder les multiples chantiers de fond. Et il n’en manquera pas, en matière d’emploi, de travail, de protection sociale. La plus grande difficulté sera de donner toute sa place au dialo­gue social, le plus large possible, et de mener les actions nécessaires, de prendre les décisions qui s’imposent, en évitant le double écueil, redoutable, du passage en force et du surplace.

LE TEMPS DE LA DÉLÉGATION

Il faudra aussi être capable de contractualiser avec les territoires. Dans de grands domaines comme l’insertion professionnelle des jeunes, la formation professionnelle, l’appui aux PME, entre autres, il est temps que l’État délègue. Cela lui permettra d’endosser son rôle régalien (éducation, sécurité, justice), mais aussi de devenir ou redevenir stratège, par exemple en matière de politique industrielle. Ce peut être affaire de conviction, ou bien de raison, si l’on veut bien considérer que nos pouvoirs publics centraux n’ont plus ni moyens humains ni crédits suffisants leur permettant de tout faire.

Auteur

  • Michel Yahiel