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Le journal des ressources humaines

Ne me parlez plus jamais d’apprentissage !

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.03.2012 | Sabine Germain

Associée gérante de l’agence Kablé Communication Finance, Catherine Kablé regrette d’avoir joué la carte de l’apprentissage. Elle en donne les raisons.

Pourquoi avez-vous recruté une jeune apprentie en oc­to­bre dernier ?

Nous avions à l’époque un surcroît de travail. J’ai eu aussi envie de jouer le jeu de l’apprentissage : former un jeune puis, éventuellement, l’embaucher, était cohérent avec ma vision de l’entreprise citoyenne et mes valeurs personnelles.

Que s’est-il passé ?

La jeune apprentie s’est bien intégrée. En revanche, l’apprentissage se révèle inadapté à une entreprise de cinq salariés comme la mienne. La gestion administrative du dossierest une véritable usine à gaz ! L’école m’avait assuré qu’elle s’occupait de tout, y compris de la prise en charge par mon Opca, le Fafiec, des 10 000 euros de frais de scolarité. Double déconvenue : alors que le contrat d’apprentissage avait déjà commencé, l’Opca m’informe qu’il ne financera pas totalement la scolarité et que sa rémunération ne doit finalement pas être de 1 092 euros (80 % du smic) mais de 1 113 euros, exonérés de charges, et seulement la première année.

Quel est votre sentiment ?

J’ai le sentiment de m’être fait berner. L’apprentie est en formation 40 % du temps. En deuxième année, son salaire équivalent temps plein sera de 2100 euros par mois. À ce niveau de salaire, j’aurais pu recruter un consultant junior de niveau bac + 5 ayant fait des stages ! Mon apprentie prépare un BTS Assistante de gestion et n’a qu’un niveau bac. L’école a tout de même ramené le coût de la scolarité à 8500 euros financés par le Fafiec.

Et la prime Fillon ?

Remplir le formulaire de demande exige déjà un bon bagage intellectuel ! La première tranche de cette prime est versée au quatrième mois d’apprentissage : je viens juste de la percevoir sans idée précise de son montant (en l’occurrence 786 euros). Pour toucher la deuxième tranche, au septième mois, il faudra renouveler la demande. Les camarades de classe de mon apprentie sont toutes dans de grandes entreprises. Je comprends pourquoi : elles ont des équipes RH rodées aux formalités administratives et ne gèrent pas leur masse salariale au cordeau. Je reste convaincue que l’apprentissage peut être une formule gagnant-gagnant. Mais pas pour moi.

Auteur

  • Sabine Germain