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Éditorial

Entreprise et politique ne font pas bon ménage

Éditorial | publié le : 01.03.2012 | Jean-Paul Coulange

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Entreprise et politique ne font pas bon ménage

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Il est souvent question dans cette campagne électorale d’un « troisième tour social » post-présidentielle. Un mauvais tour que prépareraient les entreprises, en différant après le scrutin les restructurations qu’elles ont dans les cartons. On pense évidemment à ArcelorMittal. En temporisant, le groupe sidérurgique peut donner le sentiment que le sort de Florange est en sursis jusqu’à l’élection présidentielle, alors que c’est plutôt de la reprise du marché de l’acier que dépend l’hypothétique redémarrage du haut-fourneau mosellan. On songe encore à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois. Or l’avenir du site de Seine-Saint-Denis est davantage lié à la reprise des ventes d’automobiles sur le marché européen et à l’analyse des capacités de production du constructeur qu’à l’issue de l’échéance politique du mois de mai.

S’agissant d’entreprises privéesjetées dans le grand bain de la concurrence internationale et dont l’État ne détient pas une once de capital, leurs dirigeants n’ont plus grand-chose à faire des oukases gouvernementaux. Même Carlos Ghosn, le P-DG de Renault, qui fut maintes fois convoqué par son actionnaire public, à l’Élysée ou à Matignon, vient d’inaugurer sans états d’âme une usine géante au Maroc, à quelques semaines du scrutin présidentiel et en plein débat sur le made in France, démontrant à sa façon l’impuissance du politique.

Certes, la reprise in extremis de l’usine Lejaby, à Yssingeaux, par un fournisseur de Louis Vuitton ou le rachat inattendu du fabricant de panneaux solaires Photowatt par EDF ne sont pas simplement le fait d’un hasard de calendrier. Dans un cas comme dans l’autre, les pouvoirs publics ont été à la manœuvre, animés par la volonté d’éviter un plan social ou, pis, une liquidation bien malvenus à l’orée d’un double scrutin, présidentiel puis législatif. Mais l’État en est réduit à ce rôle de pompier.

Ce qui a changé, en revanche,c’est que les entreprises, du moins leurs organisations professionnelles, n’hésitent plus à faire entendre leur voix avant les échéances électorales. Dans le cahier de doléances du Medef, le durcissement de la politique de non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite – avec la règle du deux sur trois et non plus du un sur deux –, la relance de la réforme des retraites avec un nouveau report de l’âge légal de départ, ou encore la mise en application des accords dérogatoires sur le temps de travail. Laurence Parisot n’oublie pas de réveiller de vieux fantômes, comme l’assouplissement du licenciement économique ou la dégressivité des allocations chômage. Entre le programme du Medef et le pacte social de l’UIMM – flexibilisation du marché du travail, primauté du contrat sur la loi, poursuite du transfert des cotisations sociales sur l’impôt –, il n’y a que l’épaisseur du trait. Finalement, les deux organisations patronales n’ont pas désigné leur champion pour la présidentielle, mais c’est tout comme !

Auteur

  • Jean-Paul Coulange