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Éditorial

Les CE doivent sortir de l’eau trouble

Éditorial | publié le : 01.01.2012 | Jean-Paul Coulange

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Les CE doivent sortir de l’eau trouble

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Toutes proportions gardées, les turpitudes, révélées par la Cour des comptes, des élus du comité d’entreprise de la RATP sont aussi choquantes que les rémunérations pharaoniques de certains P-DG du CAC 40. C’est qu’ici on parle en dizaines de millions d’euros, le CE des transports parisiens étant le cinquième le plus richement doté de France. Dans les industries électriques et gazières, c’est en centaines de millions d’euros que l’on compte, EDF allouant 1% de son chiffre d’affaires – et non pas 1% de sa masse salariale comme ailleurs – à la Caisse centrale d’activités sociales, qui lui fait office de comité d’entreprise. Malgré cela, la CCAS a accusé l’année dernière un déficit d’une quarantaine de millions d’euros, après une soixantaine de millions en 2010 et une trentaine de millions en 2009…

Manifestement, le souci de bonne et saine gestion n’est pas la préoccupation principale de tous les responsables de comité d’entreprise, élus par les salariés pour redistribuer la manne des œuvres sociales. Dès lors, la proposition de loi déposée par les députés du Nouveau Centre visant à contraindre les CE à faire certifier et à publier leurs comptes au-delà d’un certain niveau de budget – 230 000 euros – prend tout son sens. L’instauration d’une plus grande transparence et d’un contrôle a posteriori découragerait assurément les tentatives de malversation, de détournement de fonds et autres actes de gestion coupables. Ce qui est fâcheux, c’est que cette initiative centriste fait suite à un véritable sabordage parlementaire. Nul n’ignore désormais que le copieux rapport de 700 pages de la commission d’enquête sur le financement des syndicats et du patronat, constituée à la demande des parlementaires du Nouveau Centre, a été enterré par une improbable alliance entre PS et UMP.

Quelle bombe contenait donc le rapport Perruchot, du nom du député du Loir-et-Cher qui en était le rapporteur ? Des révélations sur le financement de la CGPME ? Ou plutôt la confirmation que les organisations syndicales vivent, pour l’essentiel, des subsides de l’État et des entreprises et non pas des cotisations de leurs adhérents ? Quoi qu’il en soit, la chape de plomb plaquée sur le rapport Perruchot ne fait pas progresser la démocratie sociale. C’est peu de le dire, le syndicalisme français est bien mal-en-point : les organisations de salariés ne séduisent que 8% d’entre eux ; quant aux organisations d’employeurs, elles sont tout aussi divisées et peu représentatives. Si les unes et les autres veulent sortir de cette crise de confiance, elles doivent commencer par ouvrir tout grand leurs livres de comptes. Tant le Medef que la CGT et la CFDT ne semblent pas craindre ce grand déballage, qui réclament à cor et à cri la publication du rapport Perruchot. Ce serait tout à l’honneur du Parlement que de leur donner satisfaction et de voter dans la foulée les mesures qui s’imposent.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange