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Tableau de bord

Jusqu’où peut-on aller dans la rigueur

Tableau de bord | publié le : 01.12.2011 |

Henri Sterdyniak Économiste à l’OFCE

Sous la pression des marchés financiers, les pays de la zone euro s’engagent dans des politiques de restriction budgétaire, qui devraient représenter 2 points de PIB en 2011, comme en 2012. Celles-ci ont déjà cassé la croissance de la zone, qui devrait être quasi nulle jusqu’à la mi-2012. La perspective d’une longue période de dépression, de troubles sociaux et politiques va-t-elle rassurer les marchés ? Et si la rigueur demandait de s’interroger sur les causes de la crise du capitalisme financier : l’avidité et l’aveuglement des marchés financiers, la croissance des inégalités de revenus, des stratégies nationales fondées soit sur la recherche effrénée de compétitivité, soit sur des bulles financières et immobilières et sur l’endettement des ménages ?

La crise a obligé les États à creuser leurs déficits pour prendre le relais. Réduire ceux-ci ne peut se faire qu’après avoir défini une nouvelle stratégie qui devrait limiter l’importance des marchés financiers, augmenter la consommation, mettre en place une nouvelle politique industrielle pour impulser le tournant vers une économie durable, mettre fin à la concurrence et à l’évasion fiscale. Cette politique rigoureuse n’est pas l’ennemie de la croissance.

Philippe d’Arvisenet Directeur des études économiques de BNP Paribas

Question curieuse tant il est clair qu’une politique budgétaire restrictive est de nature à freiner l’activité. Elle ne se justifie que s’il convient de contrer une surchauffe inflationniste. Et devient expansionniste lorsque ménages et entreprises se désendettent. Aujourd’hui, la politique budgétaire doit corriger les erreurs – ses excès d’endettement – du passé. Craignant de voir la dette devenir insou­tenable et à terme conduire au défaut, les créanciers exigent la consolidation des comptes publics. Le « choix » est clair entre redresser les comptes, ou y renoncer et se trouver confronté à des taux d’intérêt destructeurs et, à la limite, à l’exclusion des marchés. L’expérience a montré que lorsque les taux d’endettement approchent des 90 %, la croissance s’en trouve affectée. Pour autant, toutes les consolidations ne se valent pas. Celles qui sont crédibles et ne débouchent pas sur l’anticipation de nouvelles mesures restrictives, celles qui donnent la priorité aux économies sur les dépenses courantes plutôt qu’à la hausse des prélèvements (et, s’agissant de ces derniers, à ceux qui portent sur la dépense plutôt que sur les facteurs de production) sont les moins dommageables pour la croissance.

Marc Touati Directeur général de Global Equities

Il ne faut pas confondre rigueur et ­assainissement des finances publi­ques. La première est vouée à l’échec, le ­second est indispensable pour restaurer la crédibilité du pays. Les mesures annoncées par le gouvernement visent surtout à sauver le triple A jusqu’à l’élection présidentielle et continuent de laisser la porte ouverte à la dégradation. Pis, l’augmentation des impôts, après avoir apporté du « cash » à l’État, finira par casser le peu de croissance qui reste à la France. Cela alimentera le chômage et réduira l’assiette fiscale, donc suscitera une nouvelle hausse des déficits publics. Les taux d’intérêt des obligations d’État se tendront, aggravant la charge d’intérêts de la dette et plongeant la France dans la récession, et le cercle pernicieux continuera. Il n’existe que deux solutions pour éviter cette catastrophe : réduire les dépenses publiques qui n’ont pas d’effet accélérateur de croissance, telles celles de fonctionnement ; donner un peu de croissance pour faire « passer la pilule » de la réduction des dépenses. Cela demande une baisse du taux de refinancement de la BCE à 0,5 %, l’euro sous 1,20 dollar et une politique budgétaire fédérale fondée sur des investissements efficaces à l’échelle de l’Union.

Pour en savoir plus

Crise et dette en Europe : 10 fausses évidences, 22 mesures en débat pour sortir de l’impasse, les économistes atterrés.

http://atterres.org/

L’austérité ne marchera pas, Joseph Stiglitz.

www.les-crises.fr/austerite-stiglitz/

Le Jeu dangereux de la BCE, Alexandre Delaigue.

http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/

Un CDI pour tous, Institut Montaigne, étude de Céline Gleize.

www.institutmontaigne.org/un-cdi-pour-tous-3517.html