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Métropoles

Les outils d’une relance économique

Métropoles | publié le : 01.12.2011 |

Les collectivités territoriales se donnent les moyens d’attirer les emplois et de soutenir les entreprises.

Rennes est prête à affronter une nouvelle crise. Le système mis en place pour accompagner celle de 2008 est maintenant rodé. Les collectivités locales jouent le rôle de béquilles des entreprises le temps de leur convalescence pour mieux les laisser voler de leurs propres ailes une fois relancées. Autre priorité, l’attraction de nouveaux employeurs sur le territoire rennais. Mais avec un taux de chômage faible (7,1 % à Rennes), la pénurie de main-d’œuvre peut constituer un sérieux obstacle. D’où la mise en place de plusieurs outils pour doper l’emploi.

Agence de développement économique. Idea 35 arrive à la rescousse. L’association sans but lucratif, majoritairement financée par le conseil général, mais aussi par les chambres consulaires et les communautés d’agglomérations, prépare le terrain avant l’arrivée des entreprises. « Grâce à une convention avec Pôle emploi, nous leur montrons que nous disposons de personnes qualifiées pour leurs besoins », indique Andrea Ravarino, directeur de l’agence de développement économique d’Ille-et-Vilaine. Idea 35 mise beaucoup sur la LGV, avec la création d’un quartier d’affaires autour de la gare, EuroRennes. « Rennes va devenir une des métropoles les plus proches de la capitale. Cela va nous permettre de jouer dans la cour des grands pour accueillir les sièges sociaux. Au lieu de délocaliser des activités en Inde, les entreprises pourront en baser certaines dans le département », avance Andrea Ravarino.

Fonds mutualisé. Deuxième instrument de la politique de l’emploi, le fonds de revitalisation d’Ille-et-Vilaine, créé en pleine tourmente, fin 2008. Le principe est simple : mutualiser à l’échelon du département les sommes versées par les entreprises ayant supprimé des emplois lors de restructurations. Pour leur donner envie de mettre en commun leur dû, Idea 35 avance les économies réalisées en frais de gestion, de l’ordre de 7 % du montant versé avec le fonds contre 30 à 40 % habituellement. L’agence se charge de cibler les sociétés à contre-courant qui continuent de créer des emplois, telles que la coopérative laitière Coralis, et y réinjecte l’argent du fonds. Motorola, PSA (pour son plan de 2007), Super Sport, Cooper Standard… En tout, 13 grands groupes ont adhéré à l’idée, et 2,2 millions d’euros ont été récoltés. C’est une première en France, avec un résultat tangible. Alors que ces entreprises ont supprimé au total 668 emplois, l’initiative a permis d’en créer… 855. 122 heureux élus, surtout des PME, ont bénéficié d’un coup de pouce financier pour gonfler leurs effectifs grâce à ce fonds mutualisé.

Pépinière. Le Biopôle a pour but d’encourager les entrepreneurs qui se lancent dans les biotechnologies à élire domicile dans la capitale bretonne. Et plus exactement au cœur de Rennes Atalante, terre d’innovations. Début 2014, la pépinière de 2 500 mètres carrés pourra accueillir entre huit et dix sociétés, qui paieront un loyer modéré et bénéficieront de conseils et de services. À l’origine de l’initiative, Rennes Métropole partage le financement de 7,8 millions d’euros (hors achat de terrain), avec la région et le conseil général. À l’image de Valorial pour l’agroalimentaire, les sciences du vivant, qui nécessitent de gros moyens technologiques, bénéficieront donc de l’aide des collectivités locales. Les laboratoires occuperont 55 % de la surface du Biopôle, les bureaux entre 15 et 20 %, et le reste du bâtiment sera partagé entre des surfaces techniques et des services communs.

DANIEL DELAVEAU, MAIRE DE RENNES ET PRÉSIDENT DE RENNES MÉTROPOLE
La ville joue bien son rôle contracyclique

La ville a-t-elle bien résisté à la crise ?

Rennes a été frappée comme la France entière, mais tout de même moins que les autres métropoles. Nous avons un taux de chômage inférieur de deux points au taux national et d’un point à la moyenne régionale. Le pôle électronique, informatique et numérique reste très dynamique. Plus de 500 emplois net ont été créés l’an dernier au sein de la technopole Rennes Atalante. À terme, le site rennais de Technicolor, par exemple, sera le premier pôle de recherche du groupe au niveau mondial, avec 900 chercheurs. L’enseignement supérieur et la recherche restent notre première force économique. L’investissement dans l’innovation, comme dans le véhicule vert breton par exemple, est la clé des emplois de demain.

Rennes n’est-elle pas restée trop dépendante du secteur automobile ?

Le site de La Janais a été profondément restructuré pour produire la Peugeot 508. Cooper Standard (ex-la Barre-Thomas) a diversifié sa production pour ne plus être entièrement tributaire de PSA. Et puis 180 000 des 273 000 emplois du bassin d’emploi rennais, soit les deux tiers, font partie du secteur des services.

Quel rôle doivent jouer les collectivités locales ?

L’emploi et le développement économique constituent ma première préoccupation. Le secteur du bâtiment et des travaux publics connaît un ralentissement depuis la crise, mais la collectivité joue bien son rôle contracyclique. Rennes Métropole a mis en place le programme d’habitat le plus ambitieux de France : elle y investit chaque année 40 millions d’euros, ce qui permet de livrer entre 4 000 et 4 500 logements par an, dont 25 % sont réservés à l’accession sociale à la propriété. Par ailleurs, Rennes Métropole participe à hauteur de 45 millions d’euros à la ligne à grande vitesse, qui va créer 2800 emplois. Le futur centre des congrès sera un outil de dynamisme au service des entreprises et de nos universités.

Quelle est la source de vos inquiétudes actuelles ?

La paupérisation de la population. Quand nous avons créé la carte Sortir ! pour faciliter l’accès des familles défavorisées aux loisirs et à la culture, début 2010, nous tablions sur 5 000 cartes. Deux ans plus tard, nous en avons délivré 16 000. Cela traduit les difficultés d’une partie de la population. Un tiers des habitants de l’agglomération gagnent moins de 1 700 euros brut par mois. Le travail premier de la collectivité est donc de garantir la cohésion sociale au moyen d’une politique de l’emploi dynamique.