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Le journal des ressources humaines

Centrale mise sur les sciences humaines

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.12.2011 | Sabine Germain

Certaines grandes écoles ont retiré les ressources humaines de leurs enseignements de base. Pas l’école centrale Paris, qui en fait toujours l’un des piliers de sa formation.

Quelle place accordez-vous aux sciences humaines et sociales ?

C’est l’un de nos dix départements d’enseignement obligatoire, au même titre que la mécanique, les procédés ou l’énergétique. Les sciences humaines et sociales représentent environ 10 % du temps d’enseignement, autant que les mathématiques. Nous abordons des questions telles que le travail en équipe, la connaissance de soi, la compréhension du fonctionnement de l’entreprise, l’ou­verture culturelle. Avec des activités très pratiques : lors du séminaire « relations sociales », par exemple, les élèves assistent à une audience du tribunal de prud’hommes.

Pourquoi est-il important qu’un futur ingénieur aborde ces questions ?

Nous voulons que nos élèves s’interrogent sur des questions essentielles : qu’est-ce qu’être ingénieur au XXIsiècle ? Quelles seront mes responsabilités de manager ? Notre école, de tradition saint-simonienne, a une véritable culture de la responsabilité sociale. Un manager a davantage de devoirs que de droits : le devoir d’écouter, de comprendre, de susciter un dialogue positif et celui de donner du sens au travail de ses collaborateurs.

Uniquement lors des enseignements théoriques ?

Nous veillons à ce qu’ils travaillent ces sujets lors des stages en entreprise. Notamment lors du « stage opérateur » de six semaines, obligatoire en première année. C’est, à mes yeux, une étape essentielle du cursus. Un futur cadre doit, à un moment ou à un autre, avoir été de l’autre côté de la barrière. À 20 ans, il doit comprendre que derrière chacune de ses décisions, chaque euro investi, il y a des vies humaines. Quand je suis arrivé à la direction de Centrale Paris, il était question de supprimer ce stage. J’ai tenu à le conserver. À l’issue de leur stage, les élèves ont changé.

Avez-vous le sentiment de former de futurs dirigeants différents des autres grandes écoles ?

Question délicate. Il est difficile d’évaluer la culture des ­dirigeants. Je suis néanmoins convaincu qu’au bout de quelques années de carrière, et à diplôme équivalent, la capacité d’écoute et de compréhension font la différence et permettent d’accéder à des fonctions de direction.

Auteur

  • Sabine Germain